Le cérémonial des présentations prolongées
Abstract
Cet article explore une méthode d’interprétation des récits de vie : nous proposons une lecture (des textes transcrits) qui tient compte du contexte dans lequel s’est construit le récit. Ce contexte, auquel les sociologues –souvent de manière purement intuitive– donnent un grand poids, est défini par certaines caractéristiques de l’entretien non directif considéré comme un ensemble d’interactions langagières et d’événements interlocutoires. Notre lecture commence donc par la reconstitution (évidemment limitée) des interactions entre enquêteur et personne interviewée. Cette méthode s’appuie sur des théories et des méthodes empruntées à la linguistique de l’énonciation et ses prolongements dans le domaine de la sémantique (Cf O.Ducrot, Les Mots du discours, Paris, Minuit, 1980). Cette reconstitution laisse aussi entrevoir la possibilité de définir des « modèles interlocutoires » auxquels la personne interviewée aura recours pour parler d’elle-même. Ces modèles peuvent être considérés comme « distributeurs d’identités » et fournir de précieuses indications sur la personne interviewée, sur sa façon de gérer la situation de l’entretien et sur les partages que cette situation opère entre ce qu’elle peut dire ou ne pas dire.