Moscou et les régions : un jeu à qui perd gagne
Abstract
Il est désormais coutume qu’à chaque crise grave le gouvernement russe réunisse un conseil de guerre où siègent en bonne place gouverneurs de région et présidents de république. Le krach monétaire d’août 1998 a même institutionnalisé cette entrée des chefs des provinces au Kremlin. Le Premier ministre, Evgueni Primakov, en a coopté un certain nombre au sein du Présidium du gouvernement. Il a choisi les présidents des associations interrégionales qui regroupent les provinces de Russie en quelques grands ensembles géographiques (Oural, Sibérie occidentale, Grande Volga, Russie centrale...). Inquiet de l’autonomie croissante des provinces à l’égard de Moscou, le gouvernement souligne les risques d’éclatement de la Fédération, admoneste les «patrons » régionaux et leur demande de coopérer au renforcement de l’État. Toute la question est de savoir si l’État fédéral doit (et peut) se «consolider » en faisant reculer les autonomies provinciales, qui n’ont cessé de s’affirmer ces dernières années, ou si, au contraire, il doit s’appuyer sur des provinces fortes et autogérées pour redevenir une véritable Fédération. Le débat a acquis une acuité particulière en raison de la crise des finances publiques et de la bataille politique à l’approche des élections législatives et présidentielle de 1999-2000. Le renouvellement de la Douma et la succession de Boris Eltsine se jouent dans les provinces, là où sont les électeurs. Or les dirigeants à Moscou se sont laissés dépasser par une régionalisation sauvage qu’ils n’ont su ni accompagner ni contrecarrer.
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