Les hauts fonctionnaires croient-ils à leurs mythes ?
Abstract
Les politiques de réformes de l'État, à force de répétition dans leurs annonces, finissent par constituer un récit mythique, anonyme et indirect, qui informe sur l'État (ses dysfonctionnements, ses défaillances, ses caractéristiques idéales, etc) et qui célèbre, simultanément, la dimension héroïque ou, au contraire, routinière des engagements réformateurs. Pour répondre à une question légitime « Les hauts fonctionnaires croient-ils à leurs mythes ? », l'article suggère de se demander comment ils croient et de formuler des hypothèses sur la complexité de leurs croyances et des modalités d'engagement dans les réformes. A partir d'une discussion des théories néo-institutionnalistes et d'hypothèses tirées des travaux de R. Boudon etL. Festinger, sont mis en valeur deux mécanismes cognitifs qui structurent en partie l'engagement des réformateurs : l'adhésion aux idées, contrainte par les dispositions des acteurs et par l'appartenance à l'ordre institutionnel et les modalités de croyance en la faisabilité de l'action. Pour rendre compte de la variété des ajustements des croyances aux pratiques, l'article propose de nombreux exemples tirés des réformes administratives intervenues en France depuis 1988.
Origin : Publisher files allowed on an open archive