Le désordre ordonné : la fabrique violente de Karachi (Pakistan) - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Les Études du CERI Année : 2013

Ordered Disorder: the Violent Fabric of Karachi

Le désordre ordonné : la fabrique violente de Karachi (Pakistan)

Résumé

With a population exceeding twenty million, Karachi is already one of the largest cities in the world. It could even become the world’s largest city by 2030. Karachi is also the most violent of these megacities. Since the mid-1980s, it has endured endemic political conflict and criminal violence, which revolve around control of the city and its resources. These struggles for the city have become ethnicised. Karachi, often referred to as a “Pakistan in miniature”, has become increasingly fragmented, socially as well as territorially. Notwithstanding this chronic state of urban political warfare, Karachi is the cornerstone of the economy of Pakistan. Despite what journalistic accounts describing the city as chaotic and anarchic tend to suggest, there is indeed order of a kind in the city’s permanent civil war. Far from being entropic, Karachi’s polity is predicated upon relatively stable patterns of domination, rituals of interaction and forms of arbitration, which have made violence “manageable” for its populations – even if this does not exclude a chronic state of fear, which results from the continuous transformation of violence in the course of its updating. Whether such “ordered disorder” is viable in the long term remains to be seen, but for now Karachi works despite—and sometimes through—violence.
Avec une population dépassant les 20 millions d’habitants et une croissance démographique se maintenant à un niveau spectaculaire, Karachi pourrait devenir la première agglomération urbaine du monde d’ici 2030. C’est aussi la plus violente de ces grandes métropoles. Depuis les années 1980, Karachi est confrontée à des rivalités partisanes et à des violences criminelles endémiques portant sur le contrôle de la ville et de ses ressources. Ces luttes se sont progressivement ethnicisées, si bien que ce « Pakistan en miniature » apparaît de plus en plus fragmenté, aussi bien socialement que spatialement. Mais, malgré ses désordres, Karachi demeure la pierre angulaire de l’économie pakistanaise. Et, contrairement aux lectures journalistiques de ces désordres en termes de « chaos » ou d’« anarchie », une forme d’ordre y régule les interactions politiques, les relations sociales et les pratiques d’accumulation économique. Loin d’être entropique, cette configuration violente se reproduit à travers des formes de domination, des rituels d’interaction et des mécanismes d’arbitrage qui rendent cette violence « gérable » au quotidien – sans évacuer pour autant le sentiment d’insécurité résultant de ses transformations continues. Si la viabilité de ce « désordre ordonné », à moyen terme, n’est pas assurée, pour l’heure, Karachi continue de fonctionner en dépit – et parfois en vertu – de ses violences.
Fichier principal
Vignette du fichier
2013-gayer-le-desordre-ordonne-la-fabrique-violente-de-karachi.pdf (861.52 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-03473872 , version 1 (10-12-2021)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

Identifiants

Citer

Laurent Gayer. Le désordre ordonné : la fabrique violente de Karachi (Pakistan). Les Études du CERI, 2013, 196, pp.3-44. ⟨10.25647/etudesduceri.196⟩. ⟨hal-03473872⟩
21 Consultations
63 Téléchargements

Altmetric

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More