Histoire d’une « réforme morale » de la politique coloniale des Pays-Bas : les Éthicistes et l’Insulinde (vers 1880-1930) - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine Année : 2007

Histoire d’une « réforme morale » de la politique coloniale des Pays-Bas : les Éthicistes et l’Insulinde (vers 1880-1930)

Résumé

In September 1901, a newly elected government announced in Amsterdam its will to quickly devise and put into practice an 'ethical colonial policy’ (etische koloniale politiek) whose aims were the “moral advancement” and improvement of the “€œmaterial well-being” of the East Indian natives (ancestor of Indonesia). This reformist project was actually much older than the only electoral chronology show it to be. Its main themes were already articulated in the late 1840s in the exchange of fire between the Liberals and the Conservative Party, and then again in the spectrum of puritan conservatism and social democracy in the politics of the Netherlands in the 1870s. From 1901 to 1926, this so-called Ethicist movement inspired new discussions but mostly new administrative practices in the Insulinde Dutch East Indies. The movement was backed just by a handful of resourceful individuals belonging to the closely connected worlds of Law, Sciences and Politics. Coming from very different ideological backgrounds and harboring distinct political aims, the Ethicists were a key component of Europe-wide networks of colonialist societies - and this gave them the strength they needed to fight with their enemies inside the colonial bureaucracies. Because of the repressive turn of 1926 however - when the crushing of the communist revolts in Java and Sumatra led to the sudden conservative radicalization of the colonial government -, the Ethicist program was definitively shelved. Only a handful of high profile officials, gathered in the Stuw Group, held up the program in the 1930s - most of whom later took an active part in post-WWII bloody anti-nationalist policies. The purpose of this article is to put under scrutiny the careers of some of the main proponents of this 'moral reform’ of the Dutch colonial project.
En septembre 1901, une coalition de gouvernement nouvellement élue annonce à Amsterdam sa volonté de mettre en œuvre une «politique coloniale éthique» (etische koloniale politiek) visant à favoriser le «développement moral» et l’amélioration du «bien-être matériel» des indigènes des Indes Orientales (ancêtre de l’Indonésie).Les grandes lignes de ce programme réformiste sont plus anciennes que la seule chronologie électorale ne le laisse supposer: on en devine en effet les prémisses dès la fin des années 1840, à l’occasion des passes d’arme entre Conservateurs et Libéraux, puis on le voit repris aux deux spectres (puritain-conservateur et socialdémocrate) du champ politique néerlandais dans les années 1870 et 1880.De 1901 à 1926, ce courant réformateur – dit de l’Ethicisme – inspire de nouveaux propos, mais surtout de nouvelles pratiques administratives en Insulinde. Il est porté par une poignée d’hommes qui forment un véritable réseau d’influence dans les cercles dirigeants de la colonie. Issus des mondes connexes du droit, de la politique et des sciences, les Ethicistes bénéficient, dans leurs efforts pour contrer l’hostilité de leurs adversaires ultraconservateurs, de la ressource de leur inscription dans l’univers transnational des sociétés savantes colonialistes. Mais l’Ethicisme demeure profondément clivé idéologiquement. Qui plus est, à compter de la répression des insurrections communistes de 1926, les autorités de Batavia se détournent de l’Ethicisme,qui n’est plus défendu alors que par un groupe minoritaire, De Stuw, dont les principaux membres évoluent après la Seconde Guerre mondiale vers des positions anti-nationalistes (indonésiens) radicales. Ce sont les carrières de quelques-uns de ces Ethicistes des première et deuxième générations que cet article entend explorer.

Dates et versions

hal-03417856 , version 1 (05-11-2021)

Identifiants

Citer

Romain Bertrand. Histoire d’une « réforme morale » de la politique coloniale des Pays-Bas : les Éthicistes et l’Insulinde (vers 1880-1930). Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, 2007, 2007/4 (54-4), pp.86-116. ⟨10.3917/rhmc.544.0086⟩. ⟨hal-03417856⟩
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