Meritocracy : a widespread ideology due to school socialisation ?
Abstract
La recherche présentée dans ce papier se centre sur la perception de la méritocratie et sur l’adhésion à la
méritocratie scolaire. En la matière, on explore précisément l’influence de l’éducation à la fois au niveau micro
(individuel) et au niveau macro (pays), dans la mesure où l’éducation, selon Bourdieu et Passeron (1970) est
censée affecter l’adhésion aux idéologies dominantes. Cependant, ces chercheurs n’en apportent pas de
preuve empirique. De plus, l’influence de l’éducation n’est pas univoque, car elle peut avoir des effets
contradictoires sur la justification des inégalités sociales (Baer et Lambert 1982), et aussi parce que ces effets
peuvent être différents selon le niveau d’analyse (individus ou pays). Des données comparatives tirées du
module Inégalités sociales de l’enquête ISSP III (1999) ont été étudiées, et des analyses multiniveaux ont été
réalisées. Il s’avère qu’au niveau individuel, l’éducation renforce effectivement l’adhésion à la méritocratie
scolaire mais a un effet plus incertain sur la perception de la méritocratie réelle (d’une juste allocation des
positions sociales). Au niveau macro, certains patterns nationaux sont mis en évidence concernant la
méritocratie perçue et souhaitée. On perçoit d’autant plus la société comme méritocratique que l’éducation est
développée dans le pays, et on y adhère d’autant plus que les rendements moyens des diplômes y sont élevés.
Au-delà des caractéristiques des systèmes éducatifs, on observe que d’autres caractéristiques économiques et
sociales sont susceptibles d’affecter les représentations, telles que l’âge ou le sexe au niveau individuel ou
l’ampleur des inégalités de revenus ou le niveau moyen de la richesse nationale au niveau pays..