La tyrannie de l'urgence
Abstract
L'urgence est devenue la nouvelle mesure du temps social. Elle surcharge le temps d'exigences inscrites dans la seule immédiateté. Elle exprimerait à la fois un besoin d'action dans des sociétés gagnées par les contraintes réelles et symboliques de l'immédiateté, et l'extrême difficulté à arrimer cette démarche à une perspective. C'est pourquoi, faute de penser l'avenir, l'urgence contribue à le détruire. Sa prétendue neutralité temporelle - l'urgence ne serait là que pour " déblayer le terrain " - est totalement illusoire, car toute préférence implique un choix et toute préférence excessive pour le présent conduit nécessairement à des arbitrages excessifs contre l'avenir.