Résister dans les interstices : la subversion au travail dans un studio de création de jeux vidéo
Abstract
Cet article porte sur les formes de résistance à l’œuvre dans une industrie pourtant
régulièrement analysée comme propice à des modes d’engagement dans le travail marqués par
une subordination totalisante, le développement de jeux vidéo. Pour saisir les ressorts de la
parole critique, et ses modalités singulières d’expression, on montre l’intérêt de partir de
l’expérience de travail et des différents processus qui la dévalorisent aux yeux de salariés
qualifiés du numérique. Leurs pratiques, qu’elles passent par de nouvelles exigences
prescriptives ou par la modulation de leur engagement, s’inscrivent dans une dynamique de
réévaluation de l’activité. Contrairement aux approches principales des résistances au travail, qui
leur prêtent un ressort générique (inhérent à la condition humaine ou à la subordination
salariale), on fait ici du motif contestataire l’objet de l’enquête. Il s’agit de comprendre, en
contexte, les épreuves auxquelles répondent les pratiques subversives, et ce que ces dernières
proposent et défendent.