Theories in action : appropriations of feminist theories within anti-authoritarian communities in Berlin and Montreal
Théories en action : appropriations des théories féministes en milieu libertaire à Berlin et Montréal
Résumé
This dissertation, which lies at the crossroads between sociology of activism, social history of political ideas and gender studies, examines the appropriations of feminist theories within anti-authoritarian communities in Berlin and Montreal, in a comparative perspective. It is based on two ethnographic field researches that combine observations, biographical interviews and archives. First, this work highlights the intellectual dimension of anti-authoritarian activism by showing that academic sphere and anti-authoritarian communities overlap. It also shows that the more isolated from the political life of their country anti-authoritarian activists are, the more they develop a prefigurative action repertoire, which aims at creating autonomous spaces. Furthermore, looking at how anti-authoritarian feminists articulate theory and practice, this thesis brings out three (heteronormalized, lesbian, or sexual-intersectional) appropriations of queer theory. It argues that appropriations of feminist theories are shaped by collective identity processes which define anti-authoritarian sub-communities as much as they participate in these processes. Finally, this work analyzes feminist mobilizations against sexual violence within anti-authoritarian communities. It focuses on the way materialist, queer and/or intersectional feminist theories are used by activists. In this context, it demonstrates that theories cannot be considered as isolated from practices: they are mostly interwoven with organization repertoires (women-only or gender-mixed groups) and action repertoires (offensive or pedagogical actions).
À la croisée de la sociologie du militantisme, de l’histoire sociale des idées politiques et des études de genre, cette thèse examine les appropriations des théories féministes dans les milieux libertaires berlinois et montréalais. La comparaison qu’elle propose repose sur deux enquêtes ethnographiques qui mêlent observations, entretiens biographiques et archives. Ce travail souligne le caractère intellectualisé du militantisme libertaire, mettant en évidence une imbrication entre monde universitaire et milieu libertaire. Il montre également que plus les libertaires sont isolés de la vie politique de leur pays, plus ils et elles développent des modes d’action préfiguratifs, centrés sur la création d’espaces autonomes du reste de la société. Se penchant ensuite sur la manière dont les féministes libertaires articulent théorie et pratique, cette thèse met en lumière trois appropriations possibles (hétéronormée, lesbienne, sexuelle-intersectionnelle) de la théorie queer. Elle soutient alors que les appropriations des théories féministes sont façonnées par des processus de différenciation de sous-milieux libertaires autant qu’elles y participent. Enfin, ce travail analyse les mobilisations féministes contre les violences sexuelles internes aux milieux libertaires, et la manière dont celles-ci font intervenir les théories féministes matérialistes, queer et/ou intersectionnelle. Dans ce cadre, il montre que les théories ne peuvent être considérées isolément : elles apparaissent surtout sous des formes cristallisées dans des modes d’organisation (mixité ou non) et d’action (offensive ou pédagogie).