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Thèse Année : 2020

"Crimes of way of life" in Central Asia (1921-1935) : litigating backwardness in Soviet courts

Des "crimes de mode de vie" en Asie centrale (1921-1935) : poursuivre les traditions devant les cours populaires soviétiques

Résumé

In 1924, a criminal category, "crimes of way of life", was introduced in Soviet law in Central Asia to combat customary and religious practices deemed incompatible with the construction of socialism. Beyond the imperative of modernisation, the objective was political, defeating the moral authority of Central Asian elites considered hostile to Soviet rule. “Crimes of way of life" reflected the ambivalence between anti-imperialist revolutionary discourse and the political demands of state-building in Central Asia. This research analyses the genesis of this criminal category and the role of criminal law and justice in the Soviet Union. The debates raised during the process of codification of “crimes of way of life” highlighted the resistance of imperial evolutionary and legal categories in the revolutionary penal doctrine. The prosecution of “crimes of way of life” in people’s courts, first instance courts, underlines the proximate function of the judge, as mediator of the Soviet law, in charge of explaining and promoting the criminalisation of customary practices to his peers. During judicial campaigns, the people's judge controlled native populations while retaining some agency to hinder, or even divert, the local dynamics of repression in his interpretation of cases. Finally, this research highlights the effects of the criminal repression of 'everyday crimes' on the incriminated practices: they continued but as clandestine practices, invisible to the control of Soviet authorities.
En 1924, une catégorie pénale, les « crimes du quotidien », est introduite dans le droit soviétique en Asie centrale pour lutter contre des pratiques coutumières et religieuses dites incompatibles avec la modernité socialiste révolutionnaire. Par-delà l’impératif de modernisation, l’objectif est aussi politique. Il faut défaire l’autorité morale d’élites centrasiatiques considérées hostiles au pouvoir soviétique. Les « crimes du quotidien » traduisent en creux l’ambivalence entre le discours révolutionnaire anti-impérialiste et les exigences politiques de la construction du pouvoir en Asie centrale. Cette recherche interroge la genèse de cette catégorie pénale et le rôle du droit pénal et de la justice en Union soviétique. Les débats soulevés lors du processus de codification des « crimes du quotidien » montrent la résistance de catégories évolutionnistes et juridiques héritées de l’Empire dans la doctrine pénale révolutionnaire. L’analyse des archives des cours populaires, juridictions de première instance, met en lumière la fonction de proximité du juge, médiateur du droit soviétique, en charge d’expliquer et de promouvoir la judiciarisation de pratiques coutumières à ses pairs. Lors de campagnes judiciaires, le juge populaire joue un rôle de surveillance tout en conservant une capacité d’agir propre à entraver, voire à détourner les dynamiques locales de répression par son interprétation des affaires. In fine, cette recherche souligne les effets d’invisibilisation de la répression pénale des « crimes du quotidien » : les pratiques perdurent sous des formes hybrides échappant au contrôle des autorités.

Domaines

Histoire
Fichier non déposé

Dates et versions

tel-03879570 , version 1 (30-11-2022)

Identifiants

  • HAL Id : tel-03879570 , version 1

Citer

Aude-Cécile Monnot. "Crimes of way of life" in Central Asia (1921-1935) : litigating backwardness in Soviet courts. History. Institut d'études politiques de Paris - Sciences Po, 2020. English. ⟨NNT : 2020IEPP0025⟩. ⟨tel-03879570⟩
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