Contribution à une théorie de la justice cognitive : l’amélioration biomédicale de l’attention des enfants : le cas de la Ritaline - Sciences Po Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2015

Contribution to a theory of a cognitive justice : the biomedical enhancement of children’s attention : the case for Ritalin

Contribution à une théorie de la justice cognitive : l’amélioration biomédicale de l’attention des enfants : le cas de la Ritaline

Résumé

The analysis of children’s socialization process made by Emile Durkheim warns us against any actions intended to have an impact on the orientation of the young spirits. Our thesis explores the contemporary range of these positive actions issued from the state as well as from different parts of society. Those ones, by modifying the proper cerebral functioning, are guiding the behaviour of non-ill toward more attention and less impulsivness. This subject has a significant political concern: the reduction of cerebral inequal capacities which tend to become more and more important in our contemporary performance oriented society. Our research investigates new powers exerciced by adults on children, through the use of modern biomedical techniques, and particuly through psychostimulant pharmaceuticals. Biomedical tools directly reach the functioning brain, in an intrusive way, without the intermediate of either language or communication, which therefore arises new questions about their power of action. The aim of this study is to contribute to a theory of a cognitive justice for children. The new meanings of the inequalities of focus in learning, the social issues of these inequalities in a performance society and the new possibilities of biomedical intervention on the functioning brain converge towards new forms in psychic economy of children. It seems possible to interpret those new forces in action through a principle of justice. The debate around a cognitive justice reflects the unbearable social aspect of the disparities in attention capacity and the hypothetically unavoidable pharmacological answers associated to it. The solution of the theory of cognitive justice involves, for the pratical analysis of the massive instruction of Ritaline, to be situated beyond the usual paradigm of social control and behavioural control through society’s medicalization.
Dans son analyse de la démarche de socialisation des enfants, Émile Durkheim met en garde contre « toute action positive destinée à imprimer une orientation déterminée à l’esprit de la jeunesse ». Notre thèse explore les déclinaisons contemporaines de ces « actions positives » qui émanent de l’État et de différents éléments de la société, et qui, en modifiant le fonctionnement cérébral, entendent orienter le comportement d’enfants non malades vers davantage d’attention et moins d’impulsivité. Cette orientation recouvre un enjeu politique : la réduction des inégalités dans les capacités cérébrales, qui tendent à devenir des inégalités majeures dans la société de performance contemporaine. Notre objet de recherche est constitué par les nouveaux pouvoirs exercés par les adultes sur les enfants, au moyen de techniques biomédicales nouvelles, en particulier par des substances chimiques : les médicaments psychostimulants. Les moyens biomédicaux s’exercent directement sur le fonctionnement cérébral, de manière intrusive, sans la médiation du langage et de la communication, et posent de ce fait des nouvelles questions liées à leur puissance d’action. Ce travail se donne pour objectif de contribuer à une théorie de la justice cognitive pour les enfants. Les nouvelles significations des inégalités d’attention dans les apprentissages, les enjeux sociaux de ces inégalités dans une société de performance et les nouvelles possibilités d’intervention biomédicales sur le fonctionnement cérébral des enfants convergent vers de nouvelles formes dans l’économie psychique des enfants. Il semble possible d’interpréter ces nouvelles forces à l’œuvre comme s’inspirant d’un principe de justice. Le débat autour d’une justice cognitive reflète alors le caractère ressenti comme insupportable socialement des inégalités d’attention et le caractère ressenti comme inévitable de la réponse pharmacologique qui lui est associée. Le recours à la théorie d’une justice cognitive implique, pour l’analyse des pratiques de prescription massives de Ritaline, de se situer au-delà du paradigme habituel de contrôle social et de contrôle des comportements par la médicalisation de la société.
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Dates et versions

tel-03644829 , version 1 (19-04-2022)

Identifiants

  • HAL Id : tel-03644829 , version 1

Citer

Elisabeth de Castex. Contribution à une théorie de la justice cognitive : l’amélioration biomédicale de l’attention des enfants : le cas de la Ritaline. Science politique. Institut d'études politiques de Paris - Sciences Po, 2015. Français. ⟨NNT : 2015IEPP0009⟩. ⟨tel-03644829⟩
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