La tolérance et les limites de la souveraineté - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue des Deux Mondes Année : 1999

La tolérance et les limites de la souveraineté

Julie Saada

Résumé

Dans son sens ancien, la tolérance désigne une forme de patience par laquelle on souffre l’erreur, le vice, les mauvaises moeurs. La définition du Furetière (1690) est explicite : « Tolérer : (...) souffrir quelque chose, ne s'en pas plaindre, n'en pas faire la punition. Il faut tolérer les défauts de ceux avec qui nous avons à vivre. On tolère à Rome les lieux de débauche, mais on ne les approuve pas. Il faut tolérer les abus, quand on ne peut pas les retrancher tout à fait, tolérer les crimes qu'on ne peut pas punir ». La tolérance n’a rien d’une vertu : si c’est le mal que l’on tolère, il n’y a aucune moralité à souffrir ce que la morale réprouve. Tolérer suppose un rapport dissymétrique ou inégal entre deux sujets : celui qui tolère endure une souffrance (tollo : porter, supporter) face à l’erreur et au vice parce qu’il connaît le vrai et pratique le bien, tandis que celui qui est toléré ignore la vérité ou la norme qu’il devrait reconnaître ; dans tous les cas il ne jouit pas d’un droit mais d’une simple « tolérance », une permission sans approbation, mais sans exclusion ni persécution. La tolérance n'est pas en ce sens une position de neutralité (on tolère ce qu’on n’a pas le pouvoir ou le courage de supprimer), et rien n’empêche alors qu’on la dénonce comme une indulgence, une faiblesse coupable ou une lâcheté par laquelle on se rend complice d’un mal. [Premier paragraphe]
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03950411 , version 1 (21-01-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03950411 , version 1

Citer

Julie Saada. La tolérance et les limites de la souveraineté. Revue des Deux Mondes, 1999, pp.340-351. ⟨hal-03950411⟩
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