Une République inégalitaire. Les pièges de la fraternité
Résumé
Le titre de cette conférence publique « Une République inégalitaire : discrimination, précarité, rentabilité » porte en lui l’inconfort de questionner, voire de mettre en défaut, le récit national d’une France pays des droits de l’homme et de l’égalité. Assumer avec Thucydide qu’« il faut choisir entre se reposer ou être libre », c’est prendre le risque de penser pour élargir les horizons d’action.
Politiste, mes recherches analysent les dilemmes au cœur de la devise, franc-maçonne et républicaine, « Liberté, Egalité, Fraternité » en examinant les principes de justification des politiques d’égalité, pour celles et ceux que je qualifie de non-frères au sens où ils ont été exclus historiquement et théoriquement de la communauté des semblables politiques. Mon intervention prendra au sérieux les conditions d’impossibilité de l’égalité pour pouvoir aborder ses conditions de possibilité. Le « comment » porter l’égalité n’a en effet pas de sens tant que l’on n’a pas interrogé le « qui » du politique, ainsi que la « quoi » et le « pourquoi » entre finalité et destination. Avant de se demander comment la République française peut se donner les moyens de tenir ses promesses en particulier en n’étant pas discriminatoire, il faut s’interroger sur leur sens. Il est pour cela essentiel d’analyser les interactions entre les trois termes de la devise « Egalité, Liberté, Fraternité ». (Premiers paragraphes)