Un poète devenu chanteur : Leonard Cohen
Résumé
Leonard Cohen, plus encore que Dylan, fut poète puis chanteur. La plupart de ses chansons ont d’abord existé sous forme de poèmes avant d’être chantées par lui et par d’autres. Ce décalage est souvent oublié parce que la voix chaude et grave de Cohen contraste avec la rugosité éraillée de celle de Dylan. Du reste, tous deux ne chantent pas toujours très juste.
Plus littéraire, le style de Cohen est méditatif, énigmatique, hermétique parfois, et tend à superposer plusieurs lectures dans une polysémie allusive, qui complique mais stimule la compréhension des textes et l’écoute des chansons. On a parlé à cet égard d’une fusion du charnel, du spirituel, du mystique et de l’humoristique. De telles chansons sont difficiles à traduire, même ici sans souci de les rendre chantables en français. Outre les difficultés habituelles de la traduction de l’anglais (bref, concis, tendu, vague et cassant, comparé au français), il est épineux de traduire un auteur ayant atteint un laconisme des plus idiomatique. Les derniers textes de Cohen, quasi monosyllabiques, ont un caractère elliptique qui les rend insondables autant que transparents. (Premiers paragraphes)