De l’utilité de la notion de post-vérité
Abstract
La fulgurante apparition du mot « post-vérité » nous interroge sur la nouveauté de ce qui est désigné. Simple habillage new look de l’habituel mensonge ? Sorte de manipulation auparavant inconnue ? Intox et approximation empruntant à ces deux hypothèses ? La discussion s’inscrit dans le contexte politique très particulier des années 2016-2017, généralement qualifié de « populiste ».
Post-vérité traduit post-truth, en référence à « des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles », selon l’Oxford Dictionary de 2016. Le néologisme date des années 2000. Il y accompagna la montée en puissance d’Internet et des nouveaux médias internautiques. Il ne s’est vraiment répandu qu’après le Brexit au Royaume-Uni et l’élection de Trump aux États-Unis. Oui, les médias sont nouveaux, mais le procédé ne l’est pas pour autant : vérité et mensonge et l’ombre qui les séparent sont nés avec la politique et le langage. Défions-nous de la tendance à appeler propagande seulement la propagande qui nous déplaît. (Premiers paragraphes)