Quarante ans de politique étrangère de la France en Amérique latine : les avatars de « l’angle mort » de la diplomatie française
Abstract
Dans sa somme consacrée à la politique étrangère de la France, Maurice Vaïsse, grand historien des relations internationales, considère la place de l’Amérique latine dans les priorités du Quai d’Orsay et en tire la conclusion que cette région est « l’angle mort de la diplomatie française ». Cette maxime bien connue des étudiants aux concours d’entrée au ministère des Affaires étrangères semble être particulièrement d’actualité : avec l’Antarctique, l’Amérique latine est la seule région du monde où le président Emmanuel Macron n’a réalisé aucun déplacement dans le cadre d’une visite bilatérale depuis le début de son mandat. Il n’a même pas énoncé un discours d’ensemble à son égard. Pourtant, il y a quarante ans, c’est depuis le Mexique que François Mitterrand prononçait l’un de ses principaux discours de politique étrangère, consacré aux rapports Nord-Sud, quelques mois après son élection à la présidence de la République. C’est aussi en Amérique latine que la France dispose du réseau d’Alliances françaises le plus étoffé du monde, sans parler de sa plus grande frontière terrestre (avec le Brésil), faisant de la France « un Etat latino-américain ». Ainsi, serait-il possible d’essentialiser la relation France-Amérique latine en une somme d’affinités historiques, linguistiques et culturelles, avec parfois quelques impulsions politiques restées sans lendemain ? Là aussi, la réponse mérite d’être plus nuancée. En se plaçant dans une logique diachronique, nous tentons d’analyser les déterminants de cette relation, tout en nous penchant sur les facteurs explicatifs de leur caractère ambivalent qui permettent de mettre en perspective le manque de densité politique de ces rapports sur la durée.
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