Des garçons dans des 'études de filles' : configurations familiales et dispositions à l’orientation atypique vers l’enseignement supérieur
Abstract
Cet article porte sur les parcours d’orientation d’étudiants hommes vers deux formations « féminines » de l’enseignement supérieur : maïeutique et assistance de service social. À la suite de travaux qui ont souligné le caractère particulièrement puissant de la socialisation familiale et le rôle clé de la famille dans la construction des choix scolaires, il s’intéresse plus spécifiquement aux conditions familiales rendant ces choix atypiques possibles. Il s’organise autour d’un argument central : le choix de la maïeutique ou de l’assistance de service social par des hommes ne correspond pas à un mode de socialisation familial uniforme, mais renvoie à des modèles pluriels qui eux-mêmes favorisent – ou tout au moins ne bloquent pas – cette orientation atypique. L’exploitation de données statistiques nationales permet tout d’abord de souligner la diversité des profils sociaux de ces étudiants. L’analyse d’entretiens semi-directifs menés auprès de 62 hommes montre ensuite comment, selon leurs origines sociales et la socialisation de genre qu’ils ont connue au sein de la famille, ils développent des dispositions particulières, porteuses de façons d’appréhender l’orientation vers l’enseignement supérieur différentes. Ce sont ces dispositions qui, activées ou au contraire mises en veille dans le contexte du choix d’études, rendent leur orientation atypique possible. Quatre types d’attitudes face à l’orientation sont ainsi distingués : la souplesse, l’ouverture, le pragmatisme et la stratégie.