Résumé : Cette enquête d’Anne Gotman étudie les pratiques et représentations de l’hospitalité dans
les sociétés urbaines. Sont comparées différentes formes d’hospitalité, domestique, associative ou
d’Etat. Elle agrège plusieurs terrains menés entre 1997 et 1999 en région parisienne et lyonnaise et
portant sur des personnes ayant vécu des expériences d’accueil de membres de leur entourage
(hospitalité domestique), de réfugiés du Kosovo (hospitalité d’Etat) ou de malades du Sida
(hospitalité associative). Sont contrastés l’accueil individuel d’hôtes connus d’un côté et de l’autre
l’accueil individuel ou collectif d’hôtes inconnus dans le cadre d’une action collective. Les données de
l’enquête reposent principalement sur un corpus de 31 entretiens qui ont pu été conservés, et sur
des observations du lieu de halte Arc-en-Ciel dépendant de l’association AIDES, à Paris. L’ouvrage
éponyme de 2001, mêlant approche sociologique, historique et littéraire, décrit les transformations
et les permanences de cette pratique. Anne Gotman y montre en quoi l’hospitalité est une épreuve
sociale liée à la construction et à la gestion du rapport à l’Autre - du proche à l’étranger en passant
par l’inconnu recommandé. Elle étudie les règles encadrant cette épreuve : le don comme moyen et
fin de l’hospitalité, dans une relation de réciprocité différée ; le travail de régulation de la situation
asymétrique entre accueillant et accueilli, générateur de tension dans les sociétés égalitaires
actuelles ; le travail de pacification des malentendus ou conflits naissant de la tension entre désir
d’égalité et persistance de rapports de force asymétriques, ou d’attentes différentes entre hôtes ; les
tensions entre accueil, confinement et gestion de la bonne distance. Plus généralement l’enquête
souligne les contradictions entre logiques privée, marchande, associative, ou d’Etat organisant les
pratiques contemporaines d’hospitalité.