Repenser le concept d'ennemi dans l'après-guerre froide - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Stratégique Année : 1998

Repenser le concept d'ennemi dans l'après-guerre froide

Résumé

Le monde de l’après-guerre froide est un monde où se superposent et s’entrecroisent des phénomènes de nature différentes. Penser l’ennemi aujourd’hui ne correspond pas à la recherche d’un État alter ego, égal en capacité et en culture, susceptible d’avoir une volonté hostile à l’échelle mondiale comme le font la plupart des théories actuelles. Penser l’ennemi signifie plutôt établir certains niveaux d’analyse afin de distinguer les phénomènes relevant véritablement de l’inimitié et ceux concernant la rivalité et/ou la concurrence, phénomènes moins belliqueux sur l’échelle de la violence mais toujours susceptibles de provoquer des effets belligènes. En effet, si l’on se réfère à Jean Baechler, un rival, ou un concurrent, désigne l’autre dans un conflit partiel au sein duquel les intérêts en jeu ne sont pas absolus mais relatifs, où le différend est toujours susceptible de compromis. Par ennemi, au contraire, il entend l’autre avec lequel ce compromis est non seulement impossible mais aussi inenvisageable dans le sens où le conflit demeure en termes absolus et irréductibles. La présente étude distingue trois niveaux d’analyse : le niveau ethnique et nationaliste (conflits intra-étatiques), le niveau transnational (relations économiques ou communicationnelles), le niveau étatique (relations entre États nationaux). Elle vise à démontrer que le concept d’ennemi est toujours approprié dans le premier cas alors qu’il ne l’est pas dans le deuxième et de moins en moins dans le troisième : les mécanismes de concurrence et de rivalité l’emportant sur celle de l’ennemi entre États démocratiques pris deux à deux ou dans un système international homogène. Parallèlement à ces trois niveaux d’analyse, un quatrième mérite attention : celui du discours politique. À ce niveau, le concept d’ennemi est toujours mobilisable car la désignation d’un ennemi incarnant des menaces possède une fonction de légitimation politique, que ce soit pour un État ou une organisation internationale.
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Dates et versions

hal-03583802 , version 1 (22-02-2022)

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Citer

Frédéric Ramel. Repenser le concept d'ennemi dans l'après-guerre froide. Stratégique, 1998. ⟨hal-03583802⟩
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