Post-hérité - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine Année : 2013

Post-hérité

Résumé

The 1934 surname reform in Turkey made the adoption of a surname mandatory. It is widely considered as the imposition by state institutions of a uniform naming pattern to every citizen in order to better identify and control the people. However, this reform does not imply the principle of immutability of surnames. By analyzing surname changes in the last decades, this paper suggests a reinterpretation of (re-) naming practices and the State-society interactions that happen around them that focuses on individual onomastic choices. The legal framework of surname change is liberal and rests on the principle that the surname should not harm its bearer. Besides, some juridical breaches make it possible to legally legitimize most surname change requests. As a matter of fact, surname change is widely practiced, and its social uses are diverse—sometimes even at the expense of the very function of the surname as an identifier. The paper focuses on one widespread type of surname change: the late adoption of surnames ending in -o?lu (“son of”), that were often abandoned in 1934, though. This tendency reveals dynamics that the name reform wanted to curb: the trend to stress both distinction through surnames and ancestry (be it real or imagined).
La réforme du nom de 1934 en Turquie, qui instaure l’obligation du nom de famille, est souvent lue comme l’imposition par les institutions à tous les citoyens d’une dénomination uniforme, dans une logique d’identification et d’encadrement de la population. Cependant, cette réforme n’instaure pas le principe de l’immutabilité du nom. À partir de l’analyse des changements de nom de famille intervenus ces dernières décennies, l’article propose une lecture renouvelée des pratiques d’ (auto-) nomination et des interactions entre État et société qui se nouent autour d’elles, lecture qui met au centre les choix onomastiques des individus. En effet, le cadre légal du changement de nom de famille est libéral, s’appuyant sur le principe de non-préjudiciabilité du nom pour son porteur ; en outre, certaines brèches juridiques permettent de justifier légalement une grande partie des demandes de changement de nom. Ce cadre libéral s’assortit d’une pratique large et d’usages variés du droit de chaque citoyen à se renommer, qui vont parfois à l’encontre de la fonction identificatrice du nom de famille. L’article s’attarde sur un type répandu de changement de nom – l’adoption tardive de noms terminant en -oglu, « fils de », pourtant largement délaissés en 1934 – comme révélateur de logiques que la loi avait voulu évacuer : la tendance à marquer la distinction par le nom, mais aussi à investir le registre de l’ancestralité (réelle ou imaginée).

Dates et versions

hal-03583185 , version 1 (21-02-2022)

Identifiants

Citer

Elise Massicard. Post-hérité : Un retour du patronyme en Turquie contemporaine ?. Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, 2013, 60 (2), pp.87 - 105. ⟨10.3917/rhmc.602.0087⟩. ⟨hal-03583185⟩
7 Consultations
0 Téléchargements

Altmetric

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More