Troisième guerre du Haut-Karabakh : un nouveau front russo-turc
Abstract
Une nouvelle guerre pour le contrôle d’une zone grise a éclaté dans l’ex-Union soviétique
en 2020. Après la Tchétchénie, l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud, la Transnistrie, la Crimée et
le Donbass, c’est le Haut-Karabakh qui s’est enflammé – pour la troisième fois depuis la
fin de l’URSS – dans un conflit ouvert entre Arméniens et Azerbaïdjanais1. Lancée par
l’Azerbaïdjan le 27 septembre 2020, la guerre du Haut-Karabakh, province majoritairement
arménienne mais rattachée à Bakou en 1921 par Staline, a été remportée par Bakou, soutenu
par la Turquie et ses troupes supplétives constituées de mercenaires islamistes. A la faveur
d’un « cessez-le-feu total » signé dans la nuit du 9 au 10 novembre par la Russie, l’Arménie
et l’Azerbaïdjan, les armes ont cessé de parler, entérinant la victoire militaire de Bakou.
Comment expliquer ce regain de violence dans la région ? Cet accord de cessez-le-feu
ouvre-t-il la voie à un nouvel ordre régional ? Quels enseignements peut-on tirer de cette
féroce déflagration aux enjeux globaux qui a duré quarante-quatre jours ? Comment
expliquer les positions de la Russie et de la Turquie, dont les relations bilatérales sont
équivoques, dans cette guerre à la périphérie de leurs anciens empires respectifs ? Et que
penser du groupe de Minsk, coprésidé par la Russie, la France et les Etats-Unis, chargé par
l’OSCE de trouver une solution politique à ce conflit, et pourtant absent du cessez-le-feu
du 9 novembre ?
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