Maîtrise des armements : l’effondrement d’un ordre hérité de la guerre froide
Abstract
La maîtrise des armements est née lors de la guerre froide de la volonté de l’URSS et des
Etats-Unis d’encadrer la compétition nucléaire entre les deux blocs et de limiter la course
aux armements. Elle s’est traduite par la signature d’accords et de traités par les deux grandes
puissances : traité ABM (Anti-Ballistic Missile) sur la limitation des systèmes de défense
contre les missiles balistiques (1972), accords SALT-I (1972) et SALT-II (1979) sur la limitation
des armements stratégiques offensifs, traité FNI sur le démantèlement des forces nucléaires
intermédiaires (1987), traités START-1 (1991) puis START-2 (1993) et New START (2010)
sur la réduction des armements stratégiques, etc. Depuis 1991, la Russie est la principale
dépositaire de ces accords négociés avec Washington : les autres Etats issus de l’URSS
restent formellement liés par certains d’entre eux, mais la Russie est la seule à avoir été
reconnue comme puissance nucléaire, et les armes nucléaires stationnées au Kazakhstan,
en Ukraine et au Bélarus ont toutes été rapatriées sur son sol. A Moscou, l’architecture mise
en place est longtemps apparue essentielle pour la sécurité de l’URSS, puis de la Russie,
mais également pour garantir politiquement son statut d’égal vis-à-vis des Etats-Unis.
Aujourd’hui ce régime est remis en cause, ce qu’a illustré en 2019 la disparition du traité
FNI. Ce phénomène est lié à la situation conjoncturelle, caractérisée par des tensions fortes
entre Moscou et Washington, mais également par une crise plus structurelle du modèle
dans lequel la maîtrise des armements s’est construite. En effet, l’émergence d’un ordre
multipolaire rend partiellement obsolètes des accords bilatéraux, et l’évolution stratégique
rend la notion de parité peu pertinente.
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Political science
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