L'acte réfléchi, ou comment modéliser la faculté de juger en sciences sociales
Abstract
Self-determination supposes to act knowingly. It supposes more precisely
that the individuals carry out their will with the help of their reason, understood as
cognitive and reflexive capacity : they should be able to represent the means to succeed,
but also to judge the relevance of these means. Yet, such reflective capacity seems to
have been neglected by social sciences, as if it were the privilege of academics rather than
in everyone’s power. Thus we propose a model of reflexion, which is composed of four
moments considered necessary : the detachment, the qualification, the quantification and
the abstraction. Fichte’s works have provided inspiration for this model, and we have
applied it to Simmel’s work on the pathologies linked to the usage of money. Indeed,
since acting knowingly is a performance, there are possibilities of failures. This model
helps to draws out the different forms of failure. Finally, we argue that reflexion is a blind
spot for the cognitive paradigm and we discuss the consequences of our model for the
dispute on explanation and understanding.
S’autodéterminer, c’est agir en connaissance de cause. Pour cela, il faut
vouloir réaliser ses volontés dans le monde en faisant usage de sa raison, entendue comme
cognition et réflexion – la première pour se représenter les moyens d’y parvenir et la
seconde pour juger de la pertinence de ces moyens. Ce second aspect est toutefois
négligé au sein des sciences sociales. La faculté de juger a eu tendance à y devenir le privilège
du savant au lieu d’être au pouvoir de chacun. Cet article propose un modèle de la
réflexion, qui s’articule autour de quatre moments jugés nécessaires : la distanciation, la
qualification, la quantification et l’abstraction. Ce modèle s’inspire principalement de
l’oeuvre de Fichte et trouve une application dans celle de Simmel sur la question des
pathologies liées à l’usage de l’argent. Puisque réfléchir est une performance, il est en effet
toujours possible d’échouer et, en ce cas, le modèle permet d’exhiber les différents modes
d’échec. Dans un dernier temps, cela conduit à ébaucher une discussion critique du paradigme
cognitif – la réflexion y apparaissant comme un point aveugle – puis à se pencher
sur les conséquences du modèle quant à la controverse expliquer-comprendre.
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