Budget 2018 : pas d'austerité mais des inégalités
Abstract
L'objectif de cette étude est de fournir un panorama exhaustif du budget 2018, tant en analysant
le détail des mesures votées, leur montée en charge et leur impact macroéconomique sur la croissance
et le pouvoir d'achat des ménages en 2018 et 2019 qu'en évaluant leurs effets redistributifs
selon le niveau de vie des ménages. Les principaux enseignements qui en résultent sont les suivants :
■ Le budget 2018 se caractérise par un faible ajustement budgétaire structurel sur la période
2018-2019. Il contient cependant des mesures fiscales et budgétaires générant de multiples
transferts au sein de l'économie. Ces transferts sont marqués par le choix de la réduction de la
fiscalité du capital, de la poursuite de la baisse de la fiscalité des entreprises et de la hausse de
la fiscalité indirecte.
■ Les baisses de prélèvements obligatoires seront financées par des économies structurelles sur
la dépense publique. Les principaux postes concernés seront la masse salariale non
marchande, la politique du logement, la politique familiale, les dépenses de santé et les
dépenses de fonctionnement des collectivités locales.
■ Le déficit public resterait stable en 2018 à 2,9 % de PIB et augmenterait ponctuellement de
0,1 point en 2019 (à 3,0 %) en raison du double impact comptable de la transformation du
CICE en baisse de cotisations sociales. La perspective d'un passage durable sous le seuil des
3 % permettrait à la France de mettre un terme à la procédure de déficit excessif en cours.
■ Au total, la politique budgétaire nationale conduirait à accroître le PIB de 0,1 point en 2018
et de 0,3 point en 2019 (par rapport à 2017), par la combinaison de deux effets. D'une part,
l'ensemble des mesures du budget réduirait le PIB de 0,2 point en 2018 et de 0,1 point en
2019 (par rapport à 2017). D'autre part, en raison des effets décalés de certaines mesures
passées, l'économie française bénéficierait d'un surplus de croissance.
■ Les mesures du budget seraient quasiment neutres sur le pouvoir d'achat global des ménages
en moyenne en 2018 (+0,2 milliard dont -0,8 milliard liés aux prélèvements). En 2019, la
montée en charge des mesures fiscales et les nouvelles revalorisations de prestations permettraient
d'accroître le pouvoir d'achat de plus de 6 milliards d'euros.
■ Les mesures nouvelles pour les ménages seraient en 2018 largement au bénéfice des 2 % de
ménages du haut de la distribution des revenus, détenant l'essentiel du capital mobilier. Pour
les ménages du bas de la distribution, les revalorisations en fin d'année des minima sociaux
ne compensent pas les hausses de la fiscalité indirecte pour les ménages qui les subissent.
Pour les « classes moyennes », ces mesures devraient avoir un impact net nul. Enfin, Les
ménages situés au-dessus des « classes moyennes » mais en-dessous des 2 % les plus aisés
verraient eux leur niveau de vie se réduire sous l'effet des mesures nouvelles.
■ En fin d'année 2018, contrairement à l'effet moyen sur l'année, le diagnostic évolue en faveur
des « classes moyennes » du fait notamment de la baisse complète des cotisations salariés.
■ En 2019, les mesures supplémentaires pour les ménages se traduiront par une augmentation
générale des niveaux de vie. Les gains enregistrés par les centiles les plus élevés de niveau
de vie resteront, à la fin de l'année 2019, plus importants que les gains enregistrés par les
autres ménages.
Origin : Files produced by the author(s)