Mobilisation contre le gangstérisme et production d'une communauté morale coercitive en Afrique du Sud - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue European Journal of Turkish Studies. Social Sciences on Contemporary Turkey Année : 2013

Mobilisation contre le gangstérisme et production d'une communauté morale coercitive en Afrique du Sud

Résumé

Anti-gangsterism Mobilizations and Production of a Coercive Moral Community in South Africa

Popular mobilizations against gangsters have been central in the social and political life of South African townships for decades. Yet this specific history does not tie in well with a narrative that would highlight a radical change from a politicized, militarized and repressive apartheid police, with a strong hostility to non-white populations, to a police less repressive, less politicized and more friendly with ‘historically disadvantaged’ people since the end of apartheid in 1994. This article draws on archival work, interviews with local leaders and police staff, participant observation in neighborhood watch patrols in poor neighborhoods of Cape Town, so as to understand the history of crime-fighting organizations and their relationship with the police - from cooperation to repression - before, during and after the period of apartheid. It reveals how these forms of mobilizations have been permeated by a multiplicity of individual choices: from partisan politics to the need for sociability, from a demand for more state intervention to the wish to police the neighborhood. It also reflects the inside violence of the organizations which participate in the production of a coercive social order, as implemented by parents and elders who perceived the youth as dangerous or as being in danger. These volunteers thus produced a moral community which, while fighting against the violence of gangsters and drug dealers in the townships, ultimately reproduced the generational gap inherited from the apartheid era.
Les mobilisations populaires contre le gangstérisme sont au cœur de la vie sociale et politique des townships sud-africains depuis des décennies mais leur histoire particulière s’inscrit mal dans un récit historique qui verrait une police de l’apartheid politisée, militarisée, répressive et hostile aux populations non blanches laisser progressivement la place à une police moins répressive, moins politisée, plus coopérative avec les populations ‘historiquement défavorisées’ depuis la fin du régime de l’apartheid en 1994. A partir d’archives, d’entretiens avec les leaders locaux et des personnels de police et des pratiques d’observation participante au sein de patrouilles de quartiers pauvres du Cap, cet article entreprend de retracer les trajectoires de ces organisations de lutte contre la criminalité et leur rapport ambivalent à l’institution policière –de la coopération à la répression - avant, pendant et après la période d’apartheid. Il dévoile la multiplicité des ressorts de la mobilisation : de l’engagement partisan, au besoin de sociabilité et au désir d’Etat et de mise en ordre du quartier. Il rend aussi compte de la violence interne de ces organisations qui participent sur la longue durée à la production d’un ordre social coercitif, mis en place par les parents et ainés principalement contre la jeunesse, perçue comme dangereuse ou en danger. En produisant une communauté morale en lutte contre les désordres sociaux des townships, ces volontaires luttent in fine moins contre la violence réelle des gangsters et dealers de drogue qu’ils ne reproduisent cette fracture générationnelle héritée de la période de l’apartheid.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03568781 , version 1 (12-02-2022)

Identifiants

Citer

Laurent Fourchard. Mobilisation contre le gangstérisme et production d'une communauté morale coercitive en Afrique du Sud. European Journal of Turkish Studies. Social Sciences on Contemporary Turkey, 2013, 15. ⟨hal-03568781⟩
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