Coronavirus, néo-conservatisme et totalitarisme : le cas de la Chine - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Les Dossiers du CERI Année : 2020

Coronavirus, néo-conservatisme et totalitarisme : le cas de la Chine

Résumé

“A crisis forces us back to the questions themselves and requires from us either new or old answers, but in any case direct judgments. A crisis becomes a disaster only when we respond to it with preformed judgments, that is, with prejudices. Such an attitude not only sharpens the crisis but makes us forfeit the experience of reality and the opportunity for reflection it provides.”[1] Applied to the current pandemic crisis, this quote implies two things. First, there is a need to question the answers given to the crisis by governments and societies. Then, we must try to take advantage of this “experience of truth” to better reflect upon our research objects. These interconnected needs lead us to try to assess not only the Chinese government’s “management of the crisis”, but also the way the Chinese society reacted to both the crisis and its management. This crisis also serves as an indicator of a certain number of ongoing phenomena in Chinese society that are generally neglected or perhaps misinterpreted. However, this “new eye” cannot ignore the theoretical frameworks and the methodological debates that dominated scholarship before the crisis. When Hannah Arendt talks of prejudices, she refers to these frameworks and debates. As far as contemporary interpretations of China (and elsewhere in Asia) go two main trends monopolize the scene. First, neoconservatism considers that the difference of political regimes between democratic countries and non-democratic ones explains the differences between societies in almost all domains of social life. Second, culturalism reduces variations between societies to specific and irreducible cultural traits. The central point of this text will be to show that these “prejudices” prevent us from understanding and explaining the responses to the crisis. Because the crisis is global but reveals very diverse attitudes and modes of management, a comparison with other societies, particularly those in European countries, is necessary and could allow progress to be made in overcoming these prejudices. This short text does not aim to exhaust the subject, but rather to open up a few avenues for research.
Coronavirus, Neoconservatism and Totalitarianism: The Case of China - « Une crise nous force à revenir aux questions elles-mêmes et requiert de nous des réponses, nouvelles ou anciennes, mais en tout cas des jugements directs. Une crise ne devient catastrophique que si nous répondons par des idées toutes faites, c'est-à-dire des préjugés. Non seulement une telle attitude rend la crise plus aigüe mais encore elle nous fait passer à côté de cette expérience de la réalité et de cette occasion de réfléchir qu'elle fournit ». Appliquée à la crise pandémique que nous vivons, cette phrase implique deux choses. D'une part de s'interroger sur les réponses apportées à la crise par les gouvernements et les sociétés. D'autre part d’essayer de tirer parti de « cette expérience de la réalité » pour mieux réfléchir à nos objets de recherche. Cette exigence conduit à essayer d'évaluer la « gestion de la crise » par le gouvernement chinois mais aussi la façon dont la société chinoise a réagi à la crise et à cette gestion. Elle force en même temps à utiliser cette crise en tant que révélatrice d'un certain nombre de phénomènes à l'œuvre au sein de cette société, phénomènes que nous avions négligés ou peut-être mal interprétés. Néanmoins, cet « œil nouveau » ne peut pas faire fi des cadres théoriques et des débats méthodologiques qui dominaient le champ intellectuel avant la crise. Quand Hannah Arendt parle de préjugés, elle parle précisément de ces cadres et de ces débats. En ce qui concerne la Chine (mais pas seulement), deux courants s’imposent. D'une part le néo-conservatisme, qui considère que les différences de régime politique entre les pays démocratiques et non démocratiques permettent d'expliquer les divergences entre les sociétés dans à peu près tous les domaines de la vie sociale. D'autre part, le culturalisme, qui réduit les variations entre sociétés à des traits culturels spécifiques et irréductibles. Le fil rouge de ce texte consistera donc à montrer que ces « préjugés » ne permettent pas de répondre à la crise et d'expliquer ces réponses. Comme la crise est universelle mais révèle des attitudes et des modes de gestion très divers, la comparaison de la société chinoise avec d'autres, et notamment les sociétés européennes s'impose et pourrait permettre d'avancer dans le dépassement de ces préjugés. Ce court texte n'a pas l'ambition d'épuiser le sujet mais plutôt d'ouvrir quelques pistes.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03566819 , version 1 (11-02-2022)

Identifiants

Citer

Jean-Louis Rocca. Coronavirus, néo-conservatisme et totalitarisme : le cas de la Chine. Les Dossiers du CERI, 2020, en ligne. ⟨hal-03566819⟩
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