Des femmes si privilégiées ? La fatigue d’être servi·e par des domestiques - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Travail, genre et sociétés Année : 2021

Des femmes si privilégiées ? La fatigue d’être servi·e par des domestiques

Résumé

Such privileged women? The weariness of being served by domestic workers While they have in their service one, two, three, or even several dozen full-time domestic workers who serve their families on a daily basis, the women interviewed during a survey on the use of domesticity by very wealthy families claim that they devote a significant amount of time and energy to the management of their homes. Reserved for rather affluent households in the contexts in which they hire, the use of domestic service is nevertheless a privilege: women delegate reproductive work to others to engage in productive work, and/or leisure. However, the complaints of the women interviewed, who are particularly privileged, deserve to be taken seriously: this article aims to discuss the paradox of their domestic investment even though they resort to significant domestic service. It questions whether these women are relieved of reproductive work on the one hand, and whether they are as relieved as their husbands on the other. In fact, the article shows that employing staff recreates an unequal and lasting division of labor between male and female employers, even when the latter work: the former handle the financial transactions to pay employees, while the latter handle the relational and emotional work necessary for the selection and supervision of staff, which is much more of a commitment.
Alors qu’elles ont à leur service un·e, deux, trois, voire plusieurs dizaines d’employé·e·s domestiques à temps plein qui servent au quotidien leur famille, les femmes très fortunées rencontrées lors d’une enquête portant sur le recours à la domesticité des grandes fortunes affirment consacrer un temps et une énergie non négligeables à la gestion de leur foyer. Réservé aux ménages plutôt aisés dans les contextes où ils embauchent, le recours à la domesticité est pourtant un privilège : les femmes délèguent le travail reproductif à d’autres pour s’adonner au travail productif, et/ou aux loisirs. Mais les plaintes des femmes rencontrées, particulièrement privilégiées, méritent d’être prises au sérieux : cet article vise à discuter le paradoxe de leur investissement domestique alors même qu’elles ont recours à une domesticité importante. Il remet en question le fait que ces femmes soient soulagées du travail reproductif d’une part, et qu’elles le soient autant que leurs époux d’autre part. En fait, l’article montre qu’employer du personnel recrée un partage inégal et pérenne des tâches entre hommes et femmes employeur·e·s, et ce, même lorsque ces dernières travaillent : aux premiers les transactions financières pour rémunérer les employé·e·s, et aux secondes le travail relationnel et émotionnel nécessaire à la sélection et à la supervision du personnel, beaucoup plus engageant.
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Dates et versions

hal-03533981 , version 1 (19-01-2022)

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Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

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Citer

Alizée Delpierre. Des femmes si privilégiées ? La fatigue d’être servi·e par des domestiques. Travail, genre et sociétés, 2021, 2 (n°46), pp.115-131. ⟨10.3917/tgs.046.0115⟩. ⟨hal-03533981⟩
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