Mouvements sociaux : Refus de l’économisme et retour du politique
Abstract
L'année 2011 a été caractérisée par une explosion de revendications économiques et sociales de part et d’autre de la Méditerranée qui font l’objet de multiples interprétations. Comment qualifier les événements en cours et comment les interpréter ? Au-delà des discours sur la «révolution» et les mouvements sociaux, ce numéro de la revue Economia entend souligner la dimension politique de ces revendications (B. Hibou). L’on assiste tout à la fois à une critique de certaines manifestations du néolibéralisme (S. Smaoui), notamment le rejet d’une privatisation des fonctions régaliennes, d’une marchandisation des services publics (E. Fantini ; I. Bono), d’un managérialisme diffus et ce faisant, à une remise en cause des modes de
gouvernement et de certaines modalités de représentation (A. Ogien ; B. Samuel ; H. Meddeb). Ces revendications ne peuvent donc être cantonnées, comme le voudraient les gouvernements en place, à des enjeux économiques et sociaux. Elles sont au contraire éminemment politiques et expriment une aspiration à une transformation profonde de la façon de gouverner (A. Ogien ; B. Hibou). C’est aussi et surtout l’apprentissage du conflit apaisé et institutionnalisé, l’acceptation que la république ou la monarchie peuvent
se comprendre de façons différentes (M. Gribaudi). Dans les pays qui ont historiquement connu des situations autoritaires, les tensions en cours, voire la violence de l’affrontement, traduisent cette difficulté à sortir de la culture du consensus (H. Meddeb ; M. Badimon ; O. Aloui). Dans les pays démocratiques, elles illustrent l’embarras avec lequel les gouvernements se confrontent à un renouvellement de la conception de l’action politique (M. Gribaudi et A. Ogien).