Pétrole : un choc sans traumatisme apparent - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue de l'OFCE Année : 2005

Pétrole : un choc sans traumatisme apparent

Résumé

Since the beginning of the 2000’s, crude oil price has increased by more than 250 %. Contrary to the 1973 and 1979 shocks, the world economic growth does not look to have been so much affected by the present shock - it is above 4 % a year for three years - and the inflation is still moderated, even in the US despite of a higher economic perform than in Euro Area. Nevertheless, the oil prices have strongly risen. So, to compensate the relative decrease of their real income, households are attempted to get further into debt. The enterprises urge to push labour costs down to neutralize the increase of the inputs prices and be competitive. In the meantime, oil exporting countries receive a huge amount of liquidities that they use to import and reinvest in the international and regional financial markets, contributing to the low long term interest rates.
À plus de 60 dollars l’été dernier, le prix du baril de Brent a augmenté de 50 % sur un an et 250 % par rapport à la moyenne des années 1990. Simultanément, l’économie mondiale connaît depuis 2003 une très forte expansion (plus de 4 % l’an) combinée à une faible inflation, ce qui a permis de maintenir des politiques monétaires neutres, voire légèrement accommodantes dans les pays de l’OCDE. À la différence de ceux de 1973 et 1979, le choc pétrolier actuel n’a donc pas entraîné les pays importateurs sur le chemin de la récession et de l’inflation. Il s’est davantage traduit par un approfondissement des déséquilibres déjà existants : hausse accrue de l’endettement des ménages, pressions déflationnistes renforcées dans les entreprises notamment de la zone euro, poursuite du creusement du déficit courant américain. Certes, la hausse de l’inflation, via les produits pétroliers, a bien eu lieu. Sur les huit premiers mois de l’année 2005, ceux-ci expliquent plus de 1 point d’inflation de part et d’autre de l’Atlantique. Depuis la fin 2003, aux États-Unis, la hausse du pouvoir d’achat du revenu des ménages a été de 3,6 %. Hors effet pétrolier, elle aurait été de 6 %. Dans la zone euro, la progression aurait été, sans le choc pétrolier, deux fois plus forte. Mais hors énergie, l’inflation reste particulièrement contenue en 2005 (+ 0,3 % entre décembre 2004 et août 2005 dans la zone euro), signe d’un contrôle très fort sur les autres coûts de production. Coté commerce extérieur, la hausse de la facture pétrolière entre la fin 2003 et le troisième trimestre 2005 atteint 15 milliards d’euros pour la zone euro (0,2 point de PIB) et 50 milliards de dollars pour les États-Unis (0,4 point de PIB). Le transfert de richesse vers les pays exportateurs a permis que la croissance s’accélère et génère un surcroît d’importations. Leurs excédents courants atteignent des niveaux record en 2005, tout comme les sorties nettes de capitaux privés et les réserves de change détenues par les Banques centrales locales. Ces liquidités sont investies sur les marchés boursiers et immobiliers de la région, mais alimentent également les marchés financiers internationaux, participant ainsi au maintien des bas taux d’intérêt à long terme qui favorisent l’endettement. Dans l’hypothèse où les prix redescendent à 45 dollars le baril en 2006, la croissance augmenterait entre 0,2 et 0,4 point de PIB aux États-Unis et entre 0,2 et 0,7 point dans la zone euro selon respectivement les variantes de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et de l’OCDE (0,4 point selon l’OFCE).
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Dates et versions

hal-03471833 , version 1 (09-12-2021)

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Citer

Christine Rifflart. Pétrole : un choc sans traumatisme apparent. Revue de l'OFCE, 2005, 95, pp.161 - 173. ⟨10.3917/reof.095.0159⟩. ⟨hal-03471833⟩
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