Résumé : La mise en œuvre des politiques monétaires non conventionnelles a
entraîné une forte augmentation de la taille du bilan des banques centrales.
Alors que le temps de la normalisation de la politique monétaire semble être
venu – la BCE a d'ores et déjà annoncé la fin de sa politique ultra accommodante et la baisse de la taille de son bilan pourrait intervenir en début
d'année 2019 –, une question importante reste en suspens : quelle est la taille
« normale » du bilan de la BCE ? S'agit-il de celle qui prévalait avant la crise de
2007-2008 ou pas ? En effet, alors même que les mesures non conventionnelles
des banques centrales étaient supposées être exceptionnelles et temporaires,
un débat s'est engagé sur l'opportunité d'intégrer certaines de ces mesures à la
liste des instruments usuels de la politique monétaire. En d'autres termes, de
nombreux économistes, notamment, s'interrogent sur l'opportunité pour les
banques centrales de conserver des tailles de bilan importantes, plus grandes
en tout cas que celles d'avant-crise, pour assurer leurs missions. Au-delà des
canaux de transmission différenciés qu'elles offrent, les mesures nonconventionnelles sont en effet aussi susceptibles de renforcer la capacité des
banques centrales à assurer la stabilité financière. La question d'adopter des
politiques de bilan permanentes pour les banques centrales se pose d'autant
plus que le contexte institutionnel a évolué depuis la crise : les missions des
banques centrales ont été élargies et les préoccupations à l'égard de la stabilité
financière sont croissantes. Cet article présente ainsi des scénarios de réduction
de la taille du bilan de l'Eurosystème ainsi que les arguments en faveur de la
pérennisation de certaines des mesures non conventionnelles. Si les arguments
sont nombreux, il faut bien reconnaître que les économistes n'ont pas encore
complètement analysé l'effet potentiel des politiques de bilan sur la stabilité
macroéconomique et financière. Ceci ne devrait pourtant pas empêcher les
banques centrales de recourir à ces politiques pour compléter l'arsenal des
instruments à leur disposition pour faire face aux besoins de liquidité des
banques commerciales, pour atténuer la fragmentation bancaire et pour
assurer la fourniture d'actifs liquides sans risque dans la zone euro.