Anatomie d'une arnaque : feymen et feymania au Cameroun
Abstract
Dans les années 1990, un mot nouveau fait son apparition à Douala, capitale économique du Cameroun : « feyman ». Sur les marchés, dans les bars et les restaurants, on parle de « feymen » (pluriel) et de « feymania » (l'art de se comporter en feyman). L'étymologie du mot est incertaine. Le terme viendrait du pidgin, lingua franca introduite par les Britanniques avant l'annexion du Cameroun par l'Allemagne en 1884. La seconde syllabe – « man » – est sans aucun doute d'origine pidgin. Ce serait le cas également de la première, mais par une voie quelque peu détournée. « Faire », dans l'argot des villes camerounaises, signifie « tromper », « gruger ». « Se faire faire » ou, mieux, « se faire fait », c'est « se faire avoir ». Sous l'influence du pidgin et du franglais, « fait » devient « fey ». A l'idée de berner ou de se faire berner, implicite dans le terme « fey », s'ajoutent d'autres significations, nées en partie d'homonymies. Les feymen, disent certains, sont comme des fées : il y a chez eux quelque chose de magique. Ils sont aussi, fait remarquer le sociologue Eric de Rosny, des hommes du feu (« fiya » en pidgin), des « flambeurs » et des êtres liés au monde de la sorcellerie, dans lequel le feu occupe une place fondamentale...
Domains
Political science
Origin : Publisher files allowed on an open archive