Boko Haram et le terrorisme islamiste au Nigeria : insurrection religieuse, contestation politique ou protestation sociale ? - Sciences Po Accéder directement au contenu
Pré-Publication, Document De Travail Année : 2012

Boko Haram et le terrorisme islamiste au Nigeria : insurrection religieuse, contestation politique ou protestation sociale ?

Marc-Antoine Perouse de Montclos

Résumé

In Nigeria, the Islamic terrorism of Boko Haram raises a lot of questions about the political relationship between so-called “religious” violence and the state. At least three of them expose our confusions about islamization, conversion, radicalization and the politicization of religion, namely: – Is it a religious uprising or a political contest for power? – How does it express a social revolt? – How indicative is it of a radicalization of the patterns of protest of the Muslims in Northern Nigeria? A fieldwork study shows that Boko Haram is not so much political because it wants to reform the society, but mainly because it reveals the intrigues of a weak government and the fears of a nation in the making. Otherwise, the radicalization of Islam cannot be limited to terrorism and it is difficult to know if the movement is more extremist, fanatic and murderous than previous uprising like the one of Maitatsine in Kano in 1980. The capacity of Boko Haram to develop international connections and to challenge the state is not exceptional as such. Far from the clichés on a clash of civilizations between the North and the South, the specificity of the sect in Nigeria has more to do with its suicide attacks. Yet the terrorist evolution of Boko Haram was first and foremost caused by the brutality of the state repression, more than alleged contacts with an international jihadist movement.
Au Nigeria, la dérive terroriste du mouvement islamiste Boko Haram interroge le rapport de la violence dite « religieuse » à l'État. Cette étude de terrain pose ainsi trois questions fondamentales qui tournent toutes autour de nos propres confusions sur les notions d'islamisation, de conversion, de radicalisation et de politisation du religieux, à savoir : – S'agit-il d'une insurrection plus religieuse que politique ? – En quoi exprime-t-elle une révolte sociale ? – En quoi signale-t-elle une radicalisation des formes de protestation des musulmans du Nord Nigeria ? À l'analyse, il s'avère en l'occurrence que le mouvement Boko Haram est un révélateur du politique : non parce qu'il est porteur d'un projet de société islamique, mais parce qu'il catalyse les angoisses d'une nation inachevée et dévoile les intrigues d'un pouvoir mal légitimé. Si l'on veut bien admettre que la radicalisation de l'Islam ne se limite pas à des attentats terroristes, il est en revanche difficile de savoir en quoi la secte serait plus extrémiste, plus fanatique et plus mortifère que d'autres révoltes comme le soulèvement Maitatsine à Kano en 1980. La capacité de Boko Haram à développer des ramifications internationales et à interférer dans les affaires gouvernementales n'est pas exceptionnelle en soi. Loin des clichés sur un prétendu choc des civilisations entre le Nord et le Sud, la singularité de la secte au Nigeria s'apprécie d'abord au regard de son recours à des attentats-suicides. Or la dérive terroriste de Boko Haram doit beaucoup à la brutalité de la répression des forces de l'ordre, et pas seulement à des contacts plus ou moins avérés et réguliers avec une mouvance jihadiste internationale.

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Citer

Marc-Antoine Perouse de Montclos. Boko Haram et le terrorisme islamiste au Nigeria : insurrection religieuse, contestation politique ou protestation sociale ?. 2012. ⟨hal-03461205⟩
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