Jeune Europe, jeunes d'Europe
Abstract
Jeune Europe : on peut penser que l’accolement de ces deux termes fleure bon l’oxymore. Le vieux continent pourrait-il retrouver sa jeunesse ? C’est en tout cas ce dont ont voulu se persuader bon nombre de militants de l’unité européenne. Dès les années vingt, en effet, au sentiment que l’Europe, épuisée par la guerre, est entrée dans sa phase de déclin, s’oppose la certitude qu’elle pourra trouver, dans le rapprochement des nations, les voies de sa régénération. Cette idée, à dire vrai, n’allait pas de soi. À la veille du conflit, l’enquête d’Agathon sur Les Jeunes Gens d’aujourd’hui [1] révélait un nationalisme débordant de dynamisme juvénile. Quatre années de conflit n’ont pas éteint cette flamme. L’âge du nationalisme n’est pas révolu et le bouillonnement européiste reste encore minoritaire. Il faudra attendre qu’un deuxième cataclysme, d’ampleur véritablement mondiale cette fois, change le continent en un champ de ruines et qu’un rideau de fer le divise en deux parties antagonistes pour que la construction de l’unité européenne passe véritablement de l’ordre des idées à l’ordre des faits. Il reste, néanmoins, que l’association de cette unité à un rajeunissement de l’Europe a été posée dès les années vingt et qu’elle va durablement constituer l’une des justifications...
Arnaud Baubérot