Norbert Elias et la question des violences impériales. Jalons pour une histoire de la « mauvaise conscience » coloniale - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Vingtième siècle. Revue d'histoire Année : 2010

Norbert Elias et la question des violences impériales. Jalons pour une histoire de la « mauvaise conscience » coloniale

Résumé

The study of European presence in Asia at the dawn of the modern era and then during the late colonial period is a testing ground for Norbert Elias’ theories. Just when violence was abating in Western Europe, it flared up at the outer limits of its imperial progression, in the concessions and trading posts of the eastern and western Indies. In the 16th century the Portuguese progression in the China sea saw abuses that would have been considered intolerable on the “metropolitan” ground. Nevertheless, in the 19th century, violence in the colonial territories was no longer taken for granted: it was cause for “scandal” among the well read in London and The Hague. Thus, the Aceh war (1873-1906) was responsible for a great deal of discomfort in the Netherlands. By studying the political ways and terms of this “colonial scandal” and by reviewing the long history of its conditions, it is possible to show that, at the beginning of the 20th century, the Dutch elites had a colonial “guilty conscience”, analyzable sociologically in terms of new “levels of sensitivity” to violence.
L’étude des présences européennes en Asie à l’aube de l’ère moderne puis durant la période coloniale tardive permet de mettre à l’épreuve les théories de Norbert Elias. Au moment même où la violence s’apaise en Europe de l’Ouest, elle se déchaîne aux points limites de sa progression impériale, dans les comptoirs des Indes (orientales et occidentales). Au 16e siècle, la progression des Portugais dans la mer de Chine s’accompagne ainsi d’exactions qui auraient été jugées intolérables sur le sol « métropolitain ». Pourtant, au 19e siècle, la violence des outre-mers coloniaux ne va plus de soi : elle peut « faire scandale » parmi les publics lettrés de Londres ou de La Haye. Ainsi la guerre d’Aceh (1873-1906) provoque-t-elle un profond malaise aux Pays-Bas. En étudiant les modalités de la fabrique politique de ce « scandale colonial », et en restituant l’histoire longue de ses conditions de possibilité, il s’agit ici de montrer que les élites néerlandaises sont habitées, au tournant du 20e siècle, d’une « mauvaise conscience » coloniale, passible d’une analyse sociologique en termes de « paliers de sensibilité » nouveaux à la violence.
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Romain Bertrand. Norbert Elias et la question des violences impériales. Jalons pour une histoire de la « mauvaise conscience » coloniale. Vingtième siècle. Revue d'histoire, 2010, 106, pp.127-140. ⟨10.3917/vin.106.0127⟩. ⟨hal-03460101⟩
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