Compte rendu de Frédéric Gros, États de violence : essai sur la fin de la guerre
Abstract
Depuis les origines, la philosophie a tendu à définir l’identité de la guerre et à la distinguer
de la violence informe. Trois critères – éthique, politique et juridique – ont permis de
qualifier l’échange de mort comme guerre et de lui conférer une consistance conceptuelle et
un horizon de sens. De le circonscrire aussi en le codifiant et en l’ordonnant à des fins qu’il
doit servir. La guerre ainsi définie par Alberico Gentilis en 1597 comme un « conflit armé,
public et juste », est légitimée en ce qu’elle est un moyen d’assurer la consistance de l’unité
politique et de poursuivre la justice. Cette mort échangée, cet État soutenu, cette justice visée
constituent les trois foyers d’une conception de la guerre qui s’est progressivement élaborée
au sein de la pensée politique et de la pensée religieuse de telle manière que la violence pure
puisse faire place à une expérience intelligible, source de perfectionnement éthique, où la mort
est ordonnée à une vie plus haute (...).
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