Le pouvoir politique et l'histoire
Résumé
Les lois mémorielles ont été en France un point de fixation récent des rapports du pouvoir et de l’enseignement de l’histoire. Mais l’intérêt du pouvoir pour cet enseignement est beaucoup plus ancien. Dans une démocratie, l’histoire et son enseignement ne sont pas embrigadés à des fins propagandistes. Comment se manifeste alors l’intérêt que leur porte le pouvoir ?
Depuis les débuts de la Troisième République, se pose le problème du rôle de l’enseignement de l’histoire pour construire des citoyens Français. Le contexte est différent aujourd’hui : il ne s’agit plus de transcender des particularismes provinciaux, mais de déjouer les pièges des communautarismes. Il faut également tenir compte du fait qu’à côté de la citoyenneté nationale, le principe de la citoyenneté européenne est affirmé. L’enseignement de l’histoire, qui a longtemps permis de faire des citoyens français, doit-il prendre en charge la création d’une identité européenne ?
L’idée, souvent avancée, d’une perte de l’histoire nationale autour des années 60 doit être corrigée, non seulement parce qu’en amont la place de la nation n’était pas exclusive, mais encore parce qu’en aval le monde et l’Europe n’ont pas chassé le national.
En fait, aujourd’hui, le professeur peut et doit enseigner à la fois la nation et l’Europe. L’article présente quelques pistes qui ont le mérite de pouvoir être explorées dans le cadre de programmes actuels.
Laurent Wirth