Le Quinquennat de François Hollande : enlisement ou rétablissement ?
Abstract
Le quinquennat de François Hollande a été marqué par des difficultés économiques
profondes mais également par un début d'embellie cette dernière année
de mandat. La France aura donc connu une croissance faible de 2012 à 2014, du
fait notamment de la politique de consolidation budgétaire, puis une croissance
modérée au-delà.
L'ampleur du choc fiscal en début de quinquennat, dont l'impact négatif sur la
croissance avait été sous-estimé par le gouvernement, n'était pas compatible avec
une baisse du chômage au cours de la première moitié du mandat.
L'effort d'assainissement des finances publiques aura conduit à un ajustement
budgétaire conséquent, en repoussant cependant l'objectif de 3 % de déficit
public à la fin du quinquennat. Selon les calculs de la Commission européenne, le
solde structurel français (c'est-à-dire le solde corrigé des effets de la conjoncture)
se serait amélioré de 2,5 points sur la période 2012-2016. Malgré tout, cet effort
n'a pas empêché la dette publique d'atteindre un point haut historique, et de
diverger sensiblement par rapport à celle de l'Allemagne.
La consolidation budgétaire en France et en Europe a eu un impact négatif
marqué, de 0,8 point par an en moyenne entre 2012 et 2017. La simultanéité des
politiques d'austérité en Europe a amplifié leur impact récessif en déprimant la
demande intérieure, mais aussi la demande extérieure.
La politique économique des gouvernements Ayrault et Valls aura été marquée
dans un premier temps par une période de hausse importante des prélèvements
obligatoires, tant sur les entreprises que sur les ménages, puis par l'inflexion vers
une politique de l'offre en 2014. Cette politique, incarnée par le Pacte de Responsabilité
et le CICE, porte ses fruits en fin de mandat avec le rétablissement des
marges des entreprises mais aura diminué le pouvoir d'achat des ménages et la
croissance à court terme.
Après une période de dégradation marquée, les marges des entreprises ont
augmenté sur les quatre premières années du quinquennat de l'équivalent de
1 point de valeur ajoutée grâce aux mesures fiscales, et de 1 point supplémentaire
du fait de la baisse du prix du pétrole. Le taux de marge dans l'industrie a même
atteint un niveau comparable aux records historiques du début des années 2000.
Selon nos prévisions, sur l'ensemble du quinquennat, le chômage au sens du BIT
augmenterait d'environ 100 000 personnes malgré 720 000 créations d'emplois, du
fait de l'insuffisance de la croissance, conjuguée à la hausse de la population active.
Domains
Economics and Finance
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