Quel impact doit on attendre de l'exoneration des heures supplémentaires ?
Abstract
En proposant dans son programme présidentiel de rétablir l'exonération de cotisations
sociales sur les heures supplémentaires, le nouveau président Emmanuel Macron désire
restaurer partiellement une mesure phare de la loi Travail Emploi Pouvoir d'Achat (TEPA)
instaurée par le gouvernement Fillon en octobre 2007 et abrogée par le gouvernement Ayrault
en septembre 2012.
En tenant compte de l'impact de la conjoncture sur le recours aux heures supplémentaires,
nous estimons que le coût de base de cette mesure sera de 2,6 milliards d'euros en 2018 et de
3 milliards d'euros en 2022. Mais au-delà de ce coût de base, un certain nombre de mesures
pourraient inciter les entreprises à recourir davantage aux heures supplémentaires et donc à
alourdir le coût de cette politique.
■ la baisse des cotisations patronales sur les heures supplémentaires pour les entreprises de
plus de 20 salariés devrait entrainer une hausse de 5,4 % de ces heures dans les entreprises
concernées par la mesure et viendrait alourdir la facture de près de 100 millions d'euros
par an ;
■ l'exonération de cotisations salariales, en rendant les heures supplémentaires plus attractives
pour les salariés notamment, entraînerait une hausse de 7,6 % de celles-ci et donc un
surcoût de plus de 200 millions d'euros par an pour les finances publiques ;
■ en revanche, la bascule des cotisations sociales salariales vers la CSG permettrait, selon nos
hypothèses, une économie de près de 200 millions d'euros par an, venant quasiment
compenser le surcoût précédent ;
■ enfin, la baisse potentielle du taux de sur-majoration des heures supplémentaires de 25 %
à 10 % pourrait, si elle était appliquée par l'ensemble des entreprises (ce qui constitue un
cas extrême), entrainer une hausse de 20,6 % des heures supplémentaires pour un surcoût
de près de 500 millions d'euros annuel dont les deux-tiers seraient compensés par la baisse
de l'exonération de cotisations salariales.
Au total, le coût ex ante de cette mesure devrait se situer aux alentours de 3 milliards
d'euros par an en moyenne au cours du prochain quinquennat.
Dans les conditions économiques que nous prévoyons pour le prochain quinquennat,
l'effet négatif (hausse du temps de travail) d'une telle mesure sur l'emploi l'emporterait légè-
rement sur l'effet positif (gain de pouvoir d'achat et de compétitivité) : l'exonération des
heures supplémentaires pourrait détruire près de 19 000 emplois à l'horizon 2022 et coûterait
0,1 point de PIB aux finances publiques. Le financement de cette mesure alourdirait le bilan sur
l'emploi : selon le mode de financement retenu, les pertes d'emplois seraient comprises entre
38 000 et 44 000 postes en 2022.
Enfin, hors effet de bouclage macroéconomique, le gain financier moyen engendré par la
mesure devrait s'établir à environ 0,4 % du niveau de vie des ménages soit, en 2015, 88 euros
par an par ménage. Ce gain devrait être de 0,5 % du niveau de vie pour les ménages des sept
premiers déciles puis devrait décroître après pour atteindre 0,2 % pour les ménages appartenant
au dernier décile. En euros, le gain devrait croître jusqu'au 9e décile à 120 euros par an et
par ménage.
Domains
Economics and Finance
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