La protection sociale : de l'incertitude au risque, de l'Etat Providence à l'Etat social-écologique
Abstract
S’interroger sur la mission de la protection sociale au XXIe siècle et sur ses éventuelles ambiguïtés
suppose de revenir à sa vocation première. La protection sociale ne consiste pas seulement dans
la reconnaissance des risques et l’assurance des accidents : elle vise à transformer l’incertitude en
risque pour mutualiser et réduire celui-ci et ainsi atténuer l’inégalité sociale. Cette mission, qui
relève de la logique de l’assurance et de la solidarité, est donc éminemment éthique et politique
et diverge en cela de l’assurance privée. Il ne s’agit pas tant d’assurer des accidents individuels
que de produire de la sécurité collective. Cette fonction de sécurisation au fondement d’un État
Providence qui entend mesurer, superviser et prévoir la société s’appuie sur la distinction établie en 1921 par Franck Knight [1921] 1
entre risque et incertitude : « Il faut distinguer entre deux
types d’incertitude, celle qui est mesurable et celle qui ne l’est pas. On utilisera le mot “risque”
pour l’incertitude qui est mesurable et l’on réservera “incertitude” aux situations qui ne sont pas
mesurables. » Si la vie sociale est incertaine au sens de Knight, alors l’État Providence ne pourra
pas protéger le bien-être humain. Mais si les accidents sociaux peuvent être normalisés, au sens
statistique du terme, alors l’apparente fatalité peut être standardisée et domestiquée. On passe
de risques individuels imprévisibles à un risque social maîtrisable, parce que calculé et mutualisé.
Domains
Economics and Finance
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