La société japonaise et la mutation du système de valeurs - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Les Études du CERI Année : 1995

La société japonaise et la mutation du système de valeurs

Résumé

L’édition 1994 du rapport mondial sur le développement humain publié par les Nations unies constitue un instrument de mesure comparatif de premier ordre de la puissance japonaise. Pour l’indice global, celui du développement humain (IDH), qui combine la longévité, le savoir et le niveau de vie, le Japon vient après le Canada et la Suisse : depuis 1960, la progression est spectaculaire, puisqu’il est passé de la vingt-troisième à la troisième place en 1992 et qu’il détient le record de l’augmentation de l’IDH en valeur absolue entre 1960 et 1970. Une bonne performance tirée d’ailleurs davantage par l’espérance de vie la plus longue - 78,6 ans en 1992 - et le produit intérieur brut réel par habitant (4ème rang mondial) que par les performances en matière d’éducation et de formation du capital humain, où le Japon se situe dans la moyenne des pays de l’OCDE. Par ailleurs, les indicateurs généraux de stabilité sociale sont élevés : avec une moyenne de 0,9 homicides pour 100 000 habitants entre 1985 et 1990, le Japon est très en deçà du chiffre de 5,4 en vigueur dans les pays industrialisés. Il en est de même pour le chiffre des viols déclarés (dix fois inférieur à la norme moyenne de l’OCDE), celui des délits liés à la drogue (31 pour 100 000 habitants entre 1980 et 1986, soit quatre fois moins que celui, par exemple, de la Suisse - 129 -), ou le taux de chômage, estimé à 2,2 % en 1992 contre 7,6 % pour les pays membres de l’OCDE. Enfin, s’agissant de l’indice de pauvreté, pour la période de référence 1980-1991, le revenu des 20 % les plus riches était de 4,3 fois supérieur à celui des 20 % les plus pauvres, soit un écart comparable à celui observé en Suède, mais deux fois inférieur à celui observé aux Etats-Unis. En bref, à travers les seuls instruments statistiques, le Japon apparaît globalement comme un pays riche, au tissu social moins fragilisé par le délitement de la cellule familiale, la criminalité et les inégalités sociales. Ces performances de la société japonaise sont généralement mises sur le compte de l’efficacité optimale d’un modèle de valeurs qui concilie l’ordre et le mouvement, respect des traditions et projection à la pointe de la modernité. Mais, en définitive, derrière ce stéréotype, s’entrechoquent des images paradoxales restant fidèles à une vision dichotomique du Japon qui masque la dynamique des changements sociaux.
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Citer

Eric Seizelet. La société japonaise et la mutation du système de valeurs. Les Études du CERI, 1995, 2, pp.26. ⟨hal-03458219⟩
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