De Passy à Barbès : deux visages du vote Le Pen à Paris - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue Française de Science Politique Année : 1987

De Passy à Barbès : deux visages du vote Le Pen à Paris

Résumé

In the 1984 European elections and the 1986 legislative elections in Paris, the Front National mobilized voters mostly in those neighborhoods which had the highest proportion of foreign inhabitants. Was that a xenophobic reaction, directly or indirectly brought about by the proximity of the " immigrants " ? The explanation does not hold up, since on the two occasions the "foreigners " were not the same. In 1984, the Le Pen vote was highly correlated with the proportion of Spaniards and Portuguese in each neighborhood's population. Many Portuguese and Spaniards work as watchmen or servants in the residential districts of Western Paris, which usually vote for the right. The correlation between their presence and that of Le Pen voters merely illustrates thé bourgeois character of these voters in 1984. In 1986, the Le Pen vote is highly correlated with the proportion of North Africans, mostly manual workers living in the poor North-East districts, the traditional bulwarks of the left. The correlation between their presence and the vote for the Front National illustrates the working class character and protest-proneness of these voters in 1986. In two years, the Le Pen phenomenon has changea. The change, confirmed by national opinion polls, is reflected by the correlations observed in Paris.
A Paris, lors des élections européennes de 1984 et législatives de 1986, le Front national mobilise le plus d'électeurs dans les quartiers qui comptent le plus d'étrangers. Réaction xénophobe, directement ou indirectement engendrée par le voisinage des « immigrés » ? L'explication ne tient pas dans la mesure où il ne s'agit pas des mêmes « étrangers » aux deux dates. En 1984, le vote Le Pen est corrélé avec la proportion d'Espagnols et de Portugais dans la population du quartier. Ces derniers, nombreux à travailler comme gardiens ou employés de maison, sont concentrés dans les quartiers résidentiels de l'Ouest parisien, qui votent habituellement pour la droite. La corrélation entre leur présence et celle des votants Le Pen dénote le caractère bourgeois de cet électorat en 1984. En 1986, en revanche, le vote Le Pen est corrélé avec la proportion de Maghrébins. Ces derniers, en majorité ouvriers, se concentrent dans les quartiers défavorisés du Nord-Est, bastions traditionnels de la gauche. La corrélation entre leur présence et celle des électeurs du FN dénote le caractère populaire et protestataire de cet électorat en 1986. En deux ans, le phénomène Le Pen a changé de nature, et c'est cette évolution, confirmée par les sondages nationaux, que traduisent les corrélations observées à Paris.
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hal-03458106 , version 1 (30-11-2021)

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Citer

Nonna Mayer. De Passy à Barbès : deux visages du vote Le Pen à Paris. Revue Française de Science Politique, 1987, 37 (6), pp.891 - 905. ⟨10.3406/rfsp.1987.411587⟩. ⟨hal-03458106⟩
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