Résumé : La traçabilité des expositions des salariés aux substances toxiques est un enjeu central, aujourd’hui, pour accéder aux dispositifs permettant l’indemnisation des maladies professionnelles. Dans le contexte de la conflictualité sociale des « années 68 », cette question fut aussi au cœur de la réflexion de syndicalistes qui inventèrent un « Carnet d’exposition aux risques professionnels ». Ce carnet présentait toutefois une originalité. Propriété du travailleur pendant toute sa carrière, il était un outil individuel pour accéder aux droits à la réparation des maladies professionnelles. Instrument au service des mobilisations collectives, le carnet pouvait aussi servir à recenser des données utiles pour établir des enquêtes épidémiologiques et contribuer ainsi à la transformation des conditions de travail. L’invention de ce carnet nourrit donc une réflexion sur la régulation des risques, en incitant les salariés à devenir promoteurs d’une pratique de précaution face aux risques industriels.