L’État, le bien et la liberté : Joseph Raz, libéral-perfectionniste
Abstract
Centré sur la contribution de Joseph Raz à la philosophie politique, cet article présente le « perfectionnisme de l’autonomie » défendu par ce libéral d’un genre particulier. Souhaitant concilier libéralisme et perfectionnisme, Raz affirme que l’État libéral peut et doit activement aider les citoyens dans leur poursuite d’une « vie bonne », qui vaut la peine d’être vécue. Ce sont d’abord les soubassements critiques de cette thèse qui sont ici analysés, et qui marquent l’opposition de Raz à une forme de libéralisme focalisé sur les droits individuels, sur la neutralité axiologique de l’État et sur l’individualisme moral. Ensuite, les piliers philosophiques de son perfectionnisme libéral sont examinés. Ils comportent une conception de la liberté comme autonomie personnelle, la souscription au pluralisme des valeurs, et une limitation poussée de l’intervention morale de l’État. Pour conclure, on s’intéresse aux ambiguïtés, difficultés et tensions repérées dans la théorie politique de Raz, non sans alimenter la question de savoir si son perfectionnisme libéral est vraiment libéral.