La Chine et l'Afrique : des retrouvailles aux faux-semblants - Sciences Po Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2008

La Chine et l'Afrique : des retrouvailles aux faux-semblants

Résumé

La hausse du prix des matières premières, notamment énergétiques, la crise du Darfour mais aussi, plus subtilement, le retour en grâce, dans le discours des grandes institutions financières internationales, du secteur rural et des infrastructures en Afrique sont des événements relevant de domaines différents. Pourtant, tous reflètent d’une manière plus ou moins directe l’émergence de la Chine populaire en tant qu’acteur stratégique sur le continent africain. La République populaire de Chine (RPC), qui était encore en 1996 le 83e partenaire commercial du continent, se situe aujourd’hui au premier rang devant les anciennes puissances coloniales et les États-Unis. Le volume de ce commerce augmente d’environ 35 % par an depuis 2000 et a atteint, en 2007, près de 73,3 milliards de dollars, soit 2,8 % du commerce extérieur de Pékin, mais le double de la part de l’Afrique dans le commerce mondial.

En novembre 2006, la Chine a organisé un troisième sommet sino-africain à Pékin où étaient représentés au plus haut niveau quarante-huit États du continent, un succès qui dépassait de très loin les réunions de l’Union africaine ou les sommets France-Afrique. Quelques mois plus tard, en mai 2007, c’était la Banque africaine de développement qui réunissait ses agences et partenaires à Shanghai : Pékin en profitait pour annoncer le financement de son action en Afrique à hauteur de 20 milliards de dollars.

Si la présence chinoise est visible en Afrique depuis le début du siècle, elle s’inscrit néanmoins dans un temps plus long. Il serait de plus erroné, dans ce cas comme dans d’autres, de considérer l’Afrique comme un continent homogène au regard des intérêts chinois (ou occidentaux). Bien au contraire, la présence de la Chine sur le continent africain accroît les différences entre pays. Enfin, si la RPC depuis quelques années semble faire flèche de tout bois dès lors qu’il s’agit d’accroître son accès à certains secteurs, il est important de souligner qu’elle n’est pas seule et que son action ne met pas hors jeu des acteurs plus traditionnels (comme les anciennes puissances coloniales) ni ne préempte l’action de nouveaux venus comme l’Inde ou le Brésil. Peut-être faut-il considérer la situation actuelle comme transitoire et s’interroger sur les nouvelles formes que pourrait prendre, dans les années à venir, cette présence chinoise au-delà d’une réédition de l’économie de comptoir à laquelle les observateurs tendent à la limiter.

Pour avancer dans cette réflexion, nous nous proposons d’examiner d’abord la présence chinoise en Afrique dans la période qui a suivi les indépendances. Ensuite, une approche en termes de coûts/bénéfices est avancée pour souligner certaines caractéristiques structurelles de l’apport chinois au continent africain. La conclusion s’intéressera aux évolutions probables de la politique chinoise dans la mesure où celle-ci se retrouve souvent à contre-pied de normes de gouvernance défendues par ses principaux partenaires politiques et économiques en Occident.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03417790 , version 1 (05-11-2021)

Identifiants

Citer

Roland Marchal. La Chine et l'Afrique : des retrouvailles aux faux-semblants. Christophe Jaffrelot. L'enjeu mondial : les pays émergents, Presses de Sciences Po, pp.235 - 247, 2008, 9782724610871. ⟨hal-03417790⟩
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