Réformer le social sous la Troisième République
Abstract
En juin 1911, à la Chambre des députés, Jean Jaurès commente ainsi dans le cadre de l’application de la loi sur les retraites ouvrières et paysannes, l’action du Sénat : « Les lois vieillissent, sans s’améliorer. Telle réforme, votée à son heure, aurait répondu au vœu de l’opinion : quand elle vient enfin diminuée, racornie, mutilée et surannée, elle ne répond plus à l’état des esprits : lorsque ces lois paraissent enfin après de longs retards, elles ne laissent plus dans la bouche que de l’amertume et du dégoût comme des fruits qui auraient pourri avant d’être mûrs ». Cette prise de parole du chef des socialistes français pourrait être interprétée simplement comme un discours de gauche s’opposant à celle des deux assemblées considérée dès la IIIe République comme la plus conservatrice. Si cette perspective n’est pas fausse, elle ne rend qu’imparfaitement la manière dont la question de la réforme sociale s’est posée au tournant des XIXe et XXe siècles en France. [Premières lignes]