La violence du crédit
Abstract
Le crédit à la consommation apparaît comme un produit de grande consommation. Pourtant, il a la particularité de n’être vendu qu’après une évaluation du consommateur, ce qui en fait un objet de consommation particulièrement susceptible d’être entouré de violence. Nous nous proposons de l’étudier à partir d’enquêtes ethnographiques dans des banques et des établissements spécialisés de crédit. Nous centrerons cette communication sur la demande de crédit et les procédures d’évaluation des clients. La banque, pour les évaluer, transforme le client et sa demande en « profil » et en « projet ». Si ce processus contient une violence intrinsèque puisqu’il redéfinit le demandeur de crédit, les refus de crédits sont spécialement heuristiques. En disant la non-conformité, ils aident à comprendre les critères de sélection et permettent de comprendre plus largement les contraintes économiques qui enserrent les demandeurs de crédit. En analysant les conséquences des refus de crédit pour les clients, on comprend mieux pourquoi la quasi-totalité d’entre eux se plient aux processus d’évaluation même quand ils ont un caractère intrusif et déstabilisateur.