Nouvelles questions autour du travail et de la famille des esclaves dans le Sud des États-Unis
Abstract
L’actualité de la question historique de l’esclavage et des traites négrières me semble être la conséquence de deux phénomènes croisés : d’une part, l’occultation politique et sociale de ces questions, occultation qui paraît de moins en moins légitime et se trouve de fait remise en cause depuis la fin des années 1990 ; d’autre part, le sentiment diffus que certaines situations actuelles de discrimination ont un lien avec le passé esclavagiste et colonial de la France, et qu’à ce titre, leur exploration historienne a des vertus civiques. Dans la quasi-totalité des sociétés contemporaines, les descendants d’esclaves sont tout en bas de l’échelle sociale, et les régions où l’esclavage était très développé font face à des difficultés sociales, économiques et politiques dont il serait simpliste de dire qu’elles sont directement héritières du système esclavagiste, mais dont il serait peu honnête de prétendre qu’elles n’ont rien à voir avec lui. Aussi la question de l’esclavage, qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, n’est-elle pas un objet historique froid, mais tout au contraire traversé par des enjeux contemporains. Cela est vrai en France, mais pas seulement : aux États-Unis, en Grande-Bretagne, l’histoire de l’esclavage mobilise l’intérêt, parfois les passions, au-delà des cercles professionnels. [Premier paragraphe]