La différenciation sociale et scolaire de l'espace urbain
Abstract
La différenciation sociale et scolaire de l'espace urbain affecte-t-elle la cohésion sociale ? Apporter une réponse à cette question nécessite de définir à minima la cohésion sociale, étant donné son usage polysémique tant dans le domaine politique que dans celui des sciences sociales.
Que se passe-t-il lorsque la division sociale de l'espace urbain est associée fortement, et sans doute de plus en plus, à un processus de ségrégation urbaine, c'est-à-dire à un processus de différenciation sociale du territoire associé à des inégalités qu'il peut amplifier, qui contribue à stigmatiser des groupes sociaux et ethniques concentrés spatialement, et qui repose en partie sur des pratiques intentionnelles de mises à distance de groupes sociaux spécifiques ? Quels sont les effets sociaux d'une remise en cause de l'école dans sa capacité à offrir à tous la même éducation, indépendamment non seulement de son origine sociale mais aussi de son lieu de résidence ? Autrement dit, en quoi les dimensions et les perceptions territoriales des inégalités, entre autres scolaires, viennent-elles fragiliser la cohésion sociale telle qu'elle s'est construite dans la France de l'après-guerre et telle qu'elle essaie de se maintenir ?
Nous tenterons de répondre à ces questions de deux manières qui renvoient au volet objectif de l'imbrication de la ségrégation urbaine et scolaire et des inégalités qui y sont associées d'une part, et à des aspects plus subjectifs du rapport aux autres et à la mixité qui découlent de l'analyse des pratiques scolaires des ménages franciliens d'autre-part.