Résumé : Objectiver précisément, preuves empiriques à l’appui, les effets concrets que des classements archivistiques et de bibliothèques ont pu avoir sur telles ou telles pratiques historiographiques n’est pas chose aisée. Contre certaines inférences trop rapides, on se propose ici d’attirer l’attention sur les limites insurmontables d’une telle entreprise à partir de l’historicisation concomitante de deux types de discours disciplinaires non congruents : la théorie archivistique et l’historiographie dite historiciste de langue allemande (fin XVIIIe-XIXe siècles). S’il est avéré que dans l’un et l’autre cas on assiste bien à un changement fondamental de paradigme (i.e. de la mémoire juridique des États d’Ancien Régime à la conscience historique de la Nation), le lien existant alors entre classements archivistiques et pratiques historiographiques n’apparaît nullement comme direct ni univoque : au-delà de l’imprimé donc, d’autres types de sources devront être exhumés afin de mettre ce lien en évidence.