Résumé : Cet article s’intéresse à l’accumulation de patrimoine des ménages et à sa
transformation en capital productif dans un contexte de population vieillissante.
S’appuyant sur des constats négatifs réalisés à deux niveaux, d’abord
microéconomique puis macroéconomique, il propose enfin un ensemble de
remèdes.
D’un point de vue microéconomique, la forte accumulation et concentration
de patrimoine par les seniors, associée à une faible détention d’actions,
s’expliquerait pour l’essentiel par de forts comportements de précaution. Pour
pallier l’incertitude financière induite par l’allongement de la durée de vie (baisse
du pouvoir d’achat de la pension, dépenses nouvelles en cas de dépendance,
etc.), les seniors averses au risque et à l’ambiguïté adopteraient des stratégies de
sur-épargne et d’investissement dans des actifs peu risqués (assurance-vie,
immobilier).
Le constat macroéconomique confirme la hausse historique du poids du
patrimoine dans le PIB et sa faible contrepartie en actifs productifs. Il révèle aussi
la baisse inquiétante du taux d’investissement net, qui apparaît corrélée à la
baisse de la productivité par tête, et la dépendance accrue du financement de
l’économie nationale aux investisseurs étrangers.
Une série de remèdes sociaux, fiscaux, financiers et institutionnels sont
avancés. Combinés les uns aux autres, ils pourraient réduire les incertitudes
financières posées par l’allongement de la durée de vie, favoriser une meilleure
circulation du patrimoine entre les générations et encourager l’orientation de
l’épargne vers des actifs investis à long terme dans le secteur productif national.